Publié le vendredi 16 avril 2010
« Aujourd’hui, 10 novembre 2009, nous, travailleurs de HUICOMA, licenciés depuis 2005 et non licenciés avons décidé d’organiser un sit-in à la Bourse du travail pour une fois de plus nous faire entendre auprès des autorités de la République du Mali et expliquer à l’opinion nationale et internationale la situation qui prévaut au sein de HUICOMA et des villes (Koulikoro, Koutiala, Kita) qui abritent ses différentes unités industrielles.»
Cette déclaration est issue du collectif des travailleurs de l’Huilerie Cotonnière du Mali (Huicoma), toujours mobilisés après plus de 3 mois de lutte.
Environ 500 ouvriers de cette entreprise emblématique du pays occupent donc la Bourse du travail, où siège la première centrale syndicale du Mali, l’Union nationale des travailleurs maliens (UNTM), jusqu’à satisfaction de leurs revendications.
Ils en appellent à la solidarité internationale, dans leur lutte digne et légitime, pour la satisfaction de leurs droits les plus élémentaires, contre le népotisme, l’enrichissement de la bourgeoisie nationale. Alou Tomota, qui détient le groupe depuis le 2 juin 2005, est un proche de la femme du président actuel, Amadou Toumani Touré dit ATT. Il passe pour être un prête-nom de la clique qui gouverne le pays.
L’affaire d’Huicoma concerne le Mali tout entier
Dans les quatre usines de Huicoma, on produisait l’huile de coton à partir des graines de coton (jusqu’à 40% d’huile dans une graine), le liquide de cuisson employé par une grande majorité de familles maliennes. En outre, le résidu de la transformation en huile est aussi utilisé : il sert d’alimentation pour le bétail, et parfois d’engrais. En bref, un élément essentiel du quotidien des 15 millions de Maliens.
Mais ce sit-in est l’ultime épisode d’une saga qui dure depuis de nombreuses années, car la plupart des salariés présents sur le site faisaient partie des quelque 411 licenciements en juin 2006 pour des motifs économiques injustifiés. Ces licenciements intervenaient dans le
cadre de la privatisation de la Huicoma. (En 2005, l’Etat malien vendait 84,13% des parts de Huicoma à Tomota, dont la gestion s’est avérée calamiteuse, malgré de nombreux avantages accordés).
Le Groupe Tomota dont une partie des actions appartiennent à la première dame du pays, a constamment violé le cahier de charges et a arbitrairement licencié les travailleurs. Depuis lors les travailleurs se battent pour que justice leur soit rendue (cf la déclaration en lien) et l’entrprise est en arrêt total d’activités D’autres travailleurs en activités sont sans salaires depuis six mois et l’usine est complètement en arrêt total d’activité.
Populariser la lutte des travailleurs de Huicoma
Face à cette gestion capitaliste désastreuse, les travailleurs de la Huicoma ne sont pas restés les bras croisés, Le Mouvement des Sans-Voix du Mali est actif également dans le mouvement en l’ouvrant vers l’extérieur. Des manifestations pacifiques (marches, sit-in) ont été organisées dans plusieurs villes, à Koutiala, Koulikoro et à Bamako en 2008 et 2009. Une manifestation a eu lieu le 9 mars dernier à Bamako, violemment réprimée par la police. De nombreuses collectes ont été effectuées auprès d’autres travailleurs, des habitants des villages et du quartier.
La CNT solidaire
Cependant, les temps sont durs, les camarades comptent sur vous, pour les aider à reconquérir leur dû et faire souffler un vent de changement pour les populations laborieuses du Mali. A l’heure où l’on ne montre la plupart du temps que des Africains, sans réaction, sans voix, leur vibrante prise de position nous indique bien que la réalité est tout autre. Oser lutter, oser vaincre. La CNT se porte évidemment à leur côté.
Voici le film réalisé par les salariés d’Huicoma et leur collectif de soutien, validé par les délégués de la sous-commission communication et mobilisation, fin janvier 2010.
Le GT Afrique du SI.
Rien pour ce mois