Secrétariat international de la CNT

Appel à solidarité avec les grévistes de la faim de l’UDC et de l’UGET à Tunis

Publié le lundi 28 décembre 2015

Appel à solidarité avec les grévistes de la faim de l’UDC et de l’UGET à Tunis

Le 15 décembre dernier des militants de l’Union des Diplômés Chômeurs et anciens membres de l’Union Générale des Étudiants Tunisiens annoncent dans une conférence de presse à Tunis qu’ils entameront une grève de la faim à partir du 17 décembre 2015.
A cinq ans jour pour jour du déclenchement du dernier soulèvement populaire en Tunisie qui a amené à la chute de Ben Ali, cette date de nouvelle grève de la faim se voulait symbolique face au chômage toujours plus fort depuis cinq ans.
Cinq ans de mépris, ou fausses promesses de la part des différents gouvernements qui ont défilé depuis 2011, et ce dans l’objectif d’étouffer le souffle de la lutte des chômeurs, qui était pourtant le fer de lance du soulèvement populaire. La précarité et la situation de l’emploi ne font que s’aggraver chaque année.
D’autant plus dans le contexte actuel, où, sous couvert de crise économique et maintenant de lutte antiterroriste, le gouvernement annonce une loi des finances qui sera encore plus drastique avec de lourdes conséquences pour les classes populaires, dont celles des
régions intérieures : augmentation du budget pour l’armée, la police, la douane, et par contre aucune embauche dans la fonction publique pendant les deux ans qui suivront ! Les rangs des milliers de chômeurs tunisiens seront encore gonflés !

Depuis plus d’un an plusieurs mobilisations et grèves de la faim ont eu lieu, menées par des diplômés chômeurs en lutte dans différentes villes (Gabès, Sfax, Sidi Bouzid, Gafsa, Sousse...).
Une grève de la faim avait aussi été entamée au printemps 2015 par des diplômés chômeurs anciens membres de l’UGET, fichés par la police pour leur engagement syndical, et interdits d’accéder aux concours de la fonction publique, 187 personnes étaient concernées à ce moment. Leurs dossiers ont été régularisés par tranches, sur plusieurs mois, par une embauche.
Aussi il est important de noter que de nombreux pions des rangs de Nahdha et d’anciens RCDistes (parti du régime de Ben Ali) se sont faits embaucher dans la fonction publique en falsifiant des dossiers d’anciens blessés de la révolution. En effet en guise de « réparation » le gouvernement avait accordé des embauches pour d’anciens blessés. Ironie du sort ce sont encore des contre révolutionnaires qui bénéficient de ces promesses !

Une année qui vient de s’écouler encore une fois difficile pour les chômeurs en lutte, qui ont toujours maintenu sans relâche les revendications à l’origine du soulèvement populaire émergé dans les régions intérieures fin 2010. Des revendications centrées sur la justice sociale, la dignité, la liberté syndicale, qui sont malheureusement encore tellement actuelles et pour les quelles les militants continuent de faire
face à une répression parfois très dure dans certaines villes, ou des tentatives de corruption avec des propositions de sommes en contre partie de l’arrêt de leur mobilisation, l’apparition de nouveaux frais comme le paiement à l’inscription du CAPES.
C’est aussi la course ces dernières années vers des enjeux électoraux, ou partisans, qui ont détourné la mobilisation initiale de certains soutiens.
Ceci reflète aujourd’hui l’isolement des luttes locales en Tunisie comme celles des chômeurs. En cinq ans de nombreuses promesses ont été faites, peu de solutions concrètes, de l’opportunisme contre révolutionnaire, et une démobilisation pour beaucoup de personnes aussi, la situation économique et sociale en Tunisie est actuellement catastrophique.

C’est dans ce contexte qu’une nouvelle grève de la faim a encore une fois été lancée, à la date anniversaire du 17 décembre, à l’appel de l’UDC et de l’UGET. 510 personnes demandent encore la suppression des listes noires de Ben Ali, et la levée de leur interdiction d’accès à la fonction publique. Ce sont bien sûr encore des revendications globales contre l’augmentation de la précarité qui sont portées. Cela fait dix jours que parmi ce groupe, 28 militants originaires de différentes régions de
Tunisie sont en grève de la faim dans le local syndical de l’UGET (Union Générale des Etudiants Tunisiens) à Tunis.
Certains grévistes ont un état de santé inquiétant, des hospitalisations aux urgences ont eu lieu ce vendredi 25 décembre 2015. Pour le moment il n’y a toujours aucune réaction du gouvernement. Leur grève est isolée et peu médiatisée. Et malgré les communiqués et la solidarité de la part des bases combatives de l’UGTT, syndicats régionaux notamment, le bureaucratie nationale de l’UGTT reste bien sûr encore une
fois silencieuse !

Même si l’Etat essaiera d’étouffer la contestation par certaines embauches, la situation ne sera pas réglée face aux milliers de chômeurs tunisiens, et futurs chômeurs encore étudiants.
Le peuple ne peut compter que sur lui même, seule la convergence des luttes par la base et auto-organisée paiera !

Le Secrétariat International de la CNT-F exprime toute sa solidarité avec les grévistes et les chômeurs en lutte ! Nous appelons l’ensemble des organisations syndicales des différents réseaux au niveau international à exprimer également leur solidarité en envoyant des messages aux grévistes sur la page facebook du comité, nom de la page :
اللجنة الوطنية لإنصاف قدماء الإتحاد العام لطلبة تونس-القائمة التكميلية-

Et à envoyer massivement par fax ou mail des messages aux autorités tunisiennes (dont les adresses s’affichent ci-dessous, vous trouverez également un modèle de lettre à envoyer), pour dénoncer cette situation et exiger que les revendications des grévistes soient entendues le plus rapidement.

Contre la précarité en Tunisie et partout ailleurs, pour la justice sociale et la dignité !
La solidarité internationale est notre arme !

Le Groupe Afrique du Secrétariat International de la CNT-F

Paris, le 26 décembre 2015


Modèle de lettre à envoyer aux autorités tunisiennes à titre individuel ou
au nom de votre organisation :

«  (...Nom de l’organisation...) exprime toute sa solidarité aux camarades grévistes de la faim depuis le 17 décembre 2015, qui occupent actuellement le local de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens à Tunis.
Ces anciens militants de l’UGET, pour la plupart actuels militants de l’Union des Diplômés Chômeurs tunisiens payent de leur engagement politique sous le régime de Ben Ali et jusqu’à aujourd’hui un fichage de votre ministère de l’intérieur, qui les empêche d’accéder aux postes de la fonction publique.
Nous exigeons que le gouvernement actuel écoute enfin leurs revendications, que les listes noires soient enfin supprimées ! stop à la répression syndicale et politique ! Pour l’ouverture de postes dans la fonction publique !

Ces 28 grévistes de la faim défendent les cas de plusieurs centaines.
Cette grève entamée depuis le 17 décembre 2015 est hautement symbolique, jour anniversaire à cinq ans du soulèvement populaire dont les revendications initiales étaient celles de la défense de la justice sociale, la dignité, et contre la précarité, l’exploitation, et la répression syndicale et politique. En effet cinq ans après, la situation de l’emploi en Tunisie ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Ceux qui se sont mobilisés sous Ben Ali et durant le soulèvement, ont payé pour certains de leur vie, les autres ont poursuivis leurs engagements pour un réel changement en Tunisie jusqu’à aujourd’hui, ce sont eux qui sont actuellement en grève de la faim ! C’est grâce aux chômeurs mobilisés massivement que le régime de Ben Ali a été déchu, aujourd’hui leur mobilisation se poursuit car la précarité et la répression sont identiques, ils ne lâcheront pas jusqu’à satisfaction de leurs revendications, et nous non plus via notre solidarité internationale !!

Justice sociale !
Stop à la répression syndicale et politique ! »

Ci-dessous les adresses mails et fax des autorités tunisiennes :

Mails :
Chef du Gouvernement : boc pm.gov.tn
Ministère de la justice : mju ministeres.tn
Ministère des affaires étrangères : mae diplomatie.gov.tn
Ministère des affaires sociales : masste rnas.gov.tn ;
Ministère de l'éducation : med ministeres.tn ;
Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique :
mes mes.rnu.tn ;

—> pour un copier-coller rapide de ces adresses :
boc pm.gov.tn ; mju ministeres.tn ; mae diplomatie.gov.tn ;
masste rnas.gov.tn ; med ministeres.tn ; mes mes.rnu.tn

Numéros de fax :
- Consulat Général de Tunisie à Paris :
Fax : (0033) 01 47 04 27 79
- Ministère des affaires étrangères :
Fax : (+216) 71 785 025 ; 71 843 424 ; 71 885 074 ; 71 884 553
- Ministère des affaires sociales :
Fax : (+216 71) 111 404
- Ministère de l’enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique :
Fax : (+216) 71 801 701

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