Secrétariat international de la CNT

Tribune : ‌Libérez les journalistes Soulaiman Raïssouni et Omar Radi, en grève de la faim

Publié le vendredi 16 avril 2021

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Soulaiman Raïssouni et Omar Radi, deux journalistes indépendants, sont actuellement en détention provisoire et en grève de la faim au Maroc. Ils sont visés par des procédures judiciaires arbitraires et abusives, privés de leur liberté, à l’isolement, et depuis peu en grève de la faim.
Soulaiman Raïssouni, éditorialiste et rédacteur en chef, du quotidien Akhbar Al Yaoum, un des derniers bastions de la presse libre au Maroc qui a récemment mis la clé sous la porte, est derrière les barreaux depuis le 22 mai 2020. Omar Radi, journaliste d’investigation connu pour sa plume critique des inégalités, de la corruption et des violations des droits humains au Maroc, est quant à lui détenu depuis le 29 juillet 2020, après un harcèlement judiciaire et sécuritaire de plusieurs mois. Tous deux se sont vu refuser toutes leurs demandes de remise en liberté en attendant leurs procès, voient leurs audiences sans cesse reportées, et sont détenus à l’isolement.
Les autorités marocaines ont accusé ces journalistes d'une multitude d'infractions, allant de délits à caractère sexuel jusqu’à l’atteinte à la sécurité de l’Etat. Soulaiman Raïssouni est poursuivi pour "attentat à la pudeur avec violence et séquestration" sur un homme en 2018, suite à un post anonyme sur Facebook. Omar Radi quant à lui est accusé d’espionnage et d’atteinte à la sûreté de l’Etat en raison de son travail de journaliste et des recherches qu’il a menées pour des ONG internationales, ainsi que de viol et d’agression sexuelle.
Ces accusations doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies afin de déterminer d’éventuels abus, et l’identité des responsables. Seulement les garanties effectives d’un procès équitable pour ces deux journalistes font cruellement défaut. Soulaiman Raïssouni a été arrêté avant même qu’une plainte ne soit déposée contre lui. Imad Stitou, le témoin principal de la défense d’Omar Radi pour l’accusation de viol, s’est trouvé lui-même accusé par le juge d’instruction, alors que la plaignante ne l’avait pas désigné. Ces accusations font partie d'une tendance à l'instrumentalisation des accusations à caractère sexuel pour réprimer la liberté de la presse au Maroc et refroidir la solidarité internationale avec les journalistes ciblés.

L'arrestation de Soulaiman Raïssouni s’inscrit dans une dynamique d'acharnement contre son journal Akhbar Al Yaoum. En effet, Taoufik Bouachrine, directeur du quotidien, est déjà emprisonné depuis 2018 suite à un procès pour « violences sexuelles » et une condamnation à 15 ans de prison ferme. Le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies demande sa libération depuis 2018, jugeant la détention du journaliste arbitraire, au regard de la quantité d'irrégularités dans son procès, qui s'inscrit dans le sillage d'un harcèlement judiciaire dont il faisait déjà l'objet pour ses écrits.

En août 2019, ce fut au tour de Hajar Raïssouni, elle aussi journaliste à Akhbar Al Yaoum et nièce de Soulaiman, d’être arrêtée. Condamnée à un an de prison pour avortement illégal et relations sexuelles hors mariage, elle fut finalement graciée après six semaines de détention suite à une grande mobilisation nationale et internationale. Selon la journaliste, les interrogatoires tournaient autour de son oncle Soulaiman, ainsi que de la couverture médiatique qu'elle avait faite du mouvement contestataire au Rif, le Hirak. Les leaders du Hirak purgent par ailleurs des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, suite à des procès inéquitables entachés par de forts soupçons de torture.

Dénonçant ses conditions de détention et de jugement, Soulaiman Raïssouni a entamé une grève illimitée de la faim le 8 avril pour protester contre le report répété des audiences de son procès. Le lendemain, suite à une fouille de sa cellule pendant laquelle les autorités pénitentiaires ont confisqué ses vivres et des affaires personnelles, le journaliste a également entamé une grève de la soif. Devant cette énième humiliation, il a aussi décidé de boycotter les visites et les appels téléphoniques. Omar Radi l’a rejoint en grève de la faim le 9 avril. Soulaïman a arrêté sa grève de la soif, 7 jours plus tard, après que ses affaires lui aient été restituées.

Aujourd’hui, Omar Radi et Soulaiman Raïssouni mènent ces grèves au risque de leur vie, d’autant plus qu’ils souffrent tous les deux de maladies chroniques nécessitant un suivi médical régulier. Ces grèves sont le seul moyen d’expression et de défense qui leur reste face à des procédures judiciaires abusives et injustes.

Nous, signataires de cette tribune, joignons nos voix à celles de Soulaiman Raïssouni et d’Omar Radi et demandons :

  • L’abandon de toutes les charges sans fondement ;
  • La garantie effective de leur droit à un procès équitable ;
  • La suspension de leur détention provisoire et leur mise en liberté immédiate ;
  • Tant qu’ils restent détenus, la rupture de leur isolement, en leur permettant notamment de se voir et de voir d’autres prisonniers pendant la promenade ;
  • La libération immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion poursuivis et/ou condamnés par le régime marocain.

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Signataires :
Loubna Abidar, actrice
Yves Aubin de La Messuzière, ancien ambassadeur de France (Tunisie, Italie)
Mounia Bennani-Chraïbi, politologue, Université de Lausanne (Suisse)
Mohammed Berrada, écrivain
Marie-George Buffet, députée de la 4ème circonscription de Seine-Saint-Denis, ancienne ministre
François Burgat, politologue, IREMAM
Ignace Dalle, ancien journaliste de l'AFP
Alain Gresh, directeur du journal Orient XXI
Kawtar Hafidi, physicienne, Laboratoire national d'Argonne (États-Unis)
Abdellah Hammoudi, anthropologue, Université de Princeton (États-Unis)
Abdellatif Laabi, écrivain
Pierre Laurent, vice-président du Sénat, sénateur de Paris (PCF)
Olivier Le Cour Grandmaison, politologue, Université d'Évry-Val d'Essonne et Collège International de Philosophie
Sébastien Nadot, Député de Haute-Garonne, président de la commission d’enquête sur les migrants et migrations à l’Assemblée Nationale
Oum el Ghait Ben Essahraoui, autrice compositrice interprète
Stéphane Peu, député de la 2ème circonscription de Seine-Saint-Denis
Jean-Louis Roumégas, ancien député
Leila Shahid, ancienne ambassadrice de Palestine (Union européenne, France)
Joseph Tual, grand reporter
Marie-Christine Vergiat, ancienne députée européenne, militante des droits humains
Dominique Vidal, journaliste et historien
#Freekoulchi Paris
Fatiha Aarour
Fouad Abdelmoumni, économiste, ancien secrétaire général de Transparency Maroc
Gilbert Achcar, Professeur, SOAS, Université de Londres
Souad Adnan
Taha Adnan, poète
Yassin Adnan, écrivain journaliste
Hassan Aglagal
Andrea Agliozzo, enseignant-chercheur Sorbonne Université
Ayad Ahram, président de l'ASDHOM
Samad Aït Aicha, journaliste
Aïda Alami, journaliste
Paul Alliès, professeur de science politique, université de droit Montpellier
Diego Arrabal, écrivain
Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM)
Association des Marocains en France (AMF)
Association des Travailleurs Maghrébins de France
Association Marocaine des Droits Humains, section Paris/IDF
ATTAC-CADTM Maroc
ATTAC France
Lina Attalah, rédactrice en chef du journal égyptien Mada Masr
Elisa Attanasio, enseignante à Paris III Sorbonne Nouvelle
Pierre Audin, fils de Josette et Maurice Audin
Omar Balafrej, parlementaire marocain
Jean-Michel Beaudet, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre
Bachir Ben Barka
Mohammed Ben Yakhlef, militant CGT
Abdelaziz Benabderrahman, militant des droits humains, membre de l'ASDHOM
Chloë Bénéteau
Mohamed Bentahar, militant associatif
Afaf Bernani, journaliste et militante
Sophie Bessis, historienne, Tunisie
Joseph Breham, avocat
Khalid Bouyaala, doctorant, Aix-Marseille Université
Hamit Bozarslan, historien et politologue
Mustapha Brahma, secrétaire national du Parti de la Voie Démocratique, Maroc
Nicola Brarda, professeur agrégé
Lucie Brault, Assistante d'éducation
Oscar Campanini, directeur du CEDIB, Bolivie
Téo Cazenaves, journaliste Le Média TV
CEDIB, centre de documentation et d'information, Bolivie
Marta Cerezales, traductrice, Espagne
Leïla Chaibi, député européenne, membre de la Gauche au Parlement européen et de la France Insoumise.
Souad Chaouih, déléguée générale de l'AMF
Abdellatif Cherribi, Hollande
Adil Cherribi, Toronto
Fatiha Cherribi
Leila Cherribi
Lina Cherribi, Toronto
Miriam Cherribi
Sophia Cherribi
Jean-Luc Cipière
Anouk Cohen, anthropologue, CNRS
Joël Combres, journaliste honoraire
Comité de soutien à Maâti Monjib
Comité de Soutien au Mouvement Rifain Paris
Comité de soutien et de défense de la liberté de La Presse au Maroc au Canada
Francesco Correale, chercheur - universitaire
Franco Costantini, enseignant à Sorbonne-Université
Annick Coupé, Secrétaire générale d'Attac France
C.R.I Rouge Paris
Cuvillier Damien, dessinateur de bande dessinée
Lucile Daumas, retraitée
Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières
Claudia Dell'Uomo D'Arme, enseignante
Dominique Demais
Silvia De Min, enseignante, Sorbonne-Université
Matteo De Nes, magistrato
Jacopo De Pasquale, commesso
Chris den hond, vidéo-journaliste
Karima Dirèche, historienne, CNRS
Ester Di Napoli, avocato
Thérèse Di Campo, photojournaliste, Belgique
Clément Di Roma, correspondant
Claire Dodeman, enseignante, docteure en philosophie
Bernard Dréano cofondateur du réseau international Helsinki Citizens’ Assembly
Montasser Drissi
Nabil El Amraoui - Cheb
Habib El Amrani
Mouna El Banna, journaliste à RFI
Jawad El Hamidi, président de l’Association marocaine pour la liberté de religion
Ghassan El Hakim, metteur en scène
Nacer El Idrissi, président de l'ATMF
Nora El Massioui
Layla El Mossadeq
Brahim El Otmani
Ensemble !
Nouhad Fathi, auteur
Hélène Ferrarini, journaliste
Anis Fariji, ethnomusicologue, EHESS.
Lorenzo Feltrin chercheur, University of Birmingham
Gérard Filoche, porte-parole de la Gauche Démocratique et Sociale (GDS)
Christian Gourdet, équipe d’animation nationale de la Gauche Démocratique et Sociale
Sarra Grira, journaliste à Orient XXI
Abderrahim Afarki, bibliothécaire
Hamza Hamouchene, militant et chercheur algerien. Transnational Institute.
Fanny Hedenmo, journaliste, Suède
Francis Houart, retraité du secteur des soins de santé
Hicham Houdaifa, journaliste
Alix Hugonnier
Faysal Ithran, artiste
Aboubakr Jamaï, ex-directeur du "Le journal", universitaire
Marijke Jansen, directeur d'entreprise de l'art dans l'espace public et écrivain sur les arts visuels aux Pays-Bas et publiciste en France
Saïd Kaddouri, militant associatif
Yvonne Kapinga, journaliste, République démocratique du Congo
Claudio Katz, Economistas de izquierda, Argentine
Khmissa
Robert Kissous, président de Rencontres Marx
Institut Mehdi Ben Barka - mémoire vivante
Aimad Laamiri, Fonctionnaire
Sandrine Lacombe
Ali Lamrabet, journaliste
Samir Larabi, Parti Socialiste des Travailleurs (Algérie)
Abdelkarim Lemrani, journaliste
Jonathan Littell, cinéaste, écrivain (prix Goncourt 2006)
Yasser Louati, président du comité justice et libertés
Eduardo Lucita, Economistas de izquierda, Argentine
Imane Lyn
Elabadila Maa El Aynine Chbihna, software expert
Mimoun Mahli
Hicham Mansouri, journaliste à Orient XXI
Claire Marynower, historienne, Pacte/IUF
Laura Maver Borges, Professeure agrégée
Jean-François Meekel, journaliste honoraire France3 Aquitaine
Mohamed Mejlaoui
Sami Mejlaoui
Siham Mejlaoui
Noufissa Mikou, membre d'Attac France et professeure d'Université retraitée
Khadija Mohsen-Finan, Politologue, Enseignant-Chercheur
Olga Moll, maîtresse de conférences retraitée, Paris VIII
Maati Monjib, historien et journaliste
Sonia Moreno, journaliste, Espagne
Zakaria Moumni
Amal Moustaghfir
Asmaa Moustaghfir
Halima Moustaghfir
Touria Moustaghfir
Wafaa Moustaghfi
Quentin Muller, journaliste, France
Wail Khalifa Naceh
Ali Nacihie
Brahim El Otmani
Rachid Naim
Olivier Neveux, universitaire
Moussa Ngom, journaliste et fondateur de la Maison des Reporters, Sénégal
Jean-Paul Olive, Professeur des Universités, Paris VIII
Rachid Oufkir
Giochino Panzieri, chargé de projet - IEMed, EHESS
Parti des Indigènes de la République
Willy Pelletier et Marie-Pierre Vieu, coordinateurs généraux de la Fondation Copernic
Serge Pey, poète
Thomas Portes, porte-parole de Génération.s
Portunato Laura, enseignante
Stéfanie Prezioso, Conseillère nationale (MP)-Ensemble à Gauche Genève
Mounir Rabia, enseignant, France
Driss Radi
Mehdi Amine Radi
Issam Rahmoune, Italie
Yacir Rami, musicien/compositeur
Jasmin Ramzy
Yasin Ramzy
Marta Reolon, Architetto
Aziz Rhali, président de l'Association Marocaine des Droits Humains
Laurent Ripart, historien, Université de Chambéry
Marguerite Rollinde, sociologue, militante associative
Fabien Roussel, Député du Nord et Secrétaire national du PCF
Alessandra Russo, insegnante
Mohamed Sabbar, Citoyen marocain résidant en France
Secrétariat International de la CNT-F
Kenza Sefrioui, éditrice
Ghita Skali
Makis Solomos, Professeur des Universités, Paris VIII
Said Sougty, membre du bureau ASDHOM
Antoine Spire, président du PEN-club français
Table rase
Charaf Rifaï, enseignant
Amine Taher
Nicole Thierry, traductrice
Eric Toussaint, porte-parole du CADTM international
Union Pour le Communisme
Union syndicale Solidaires
Laure Van Ruymbeque, journaliste, Londres
Pedro Vianna, poète, homme de théâtre, enseignant universitaire
Arianna Vettorel, ricercatrice di Diritto internazionale, Università Ca' Foscari di Venezia
Louis Witter, photojournaliste, France
Rachid Zerrouki, professeur des écoles et écrivain
Mohamed Ziani, activiste, producteur musical
Tarik Zouhri

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