Secrétariat international de la CNT

Tortures et humiliations dans la prison Bellavista à Medellin (Colombie)

Publié le mardi 10 mars 2009

Le Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques
dénonce les faits
suivants.

Le 26 janvier 2009 les détenus politiques enfermés dans l'établissement
pénitentiaire Bellavista de Medellin, nous ont informé que tôt
à l'aube l'on a fait sortir les détenus des cours 5 et 2 et on les a emmenés
sur le terrain de la prison. Une fois là-bas environ 150 détenus ont été
sélectionnés et séparés des autres par des agents de l'INPEC (Institut
National Pénitentiaire et Carcéral) encagoulés.

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Ce n'est que beaucoup plus tard que les détenus non sélectionnés ont pu
retourner dans leurs bâtiments respectifs. Les détenus des cours 4 et 8
ont été sortis de la même façon. Là, ce sont 4 prisonniers politiques qui
ont été sélectionnés.

Pendant la fouille réalisée dans les cellules, des objets personnels ont
été confisqués comme des photographies, des cahiers, agendas téléphoniques
où des cours, les meubles n'ont pas été abîmés.

Les détenus sélectionnés ont été isolés et n'ont pas pu accéder à leurs
affaires que le 27 janvier 2009 en fin d'après-midi. Pendant tout ce
temps ils ont été entassés dans 2 espaces réduits, l'un où il y avait
entre 150 et 200 détenus et l'autre environ 65.

Pendant la durée d'isolement, un seul des deux espaces était doté
de sanitaires. De plus, les détenus n'ont pas pu utiliser d'affaires de
toilettes et ont dû rester debout car le lieu d'enfermement ne leur
permettait pas de dormir.

Le service d'eau potable était suspendu dans tous les bâtiments et seul un
des espaces d'isolement contenait un peu d'approvisionnement. De la même
façon tant les détenus isolés que ceux qui ont pu retourner dans leurs
bâtiments n'ont eu droit qu'au petit-déjeuner les jours 26 et 27 janvier.

Pendant le déroulement de l'opération réalisée par le GRI de l'INPEC
(Groupe de Réaction Immédiate) associé à des gardes de l'INPEC et des
policiers, plusieurs personnes ont été blessées dont un par un tir de
fusil. Des gaz lacrymogènes ont aussi été utilisés.

Les détenus isolés ont subi des agressions psychologiques de la part des
gardiens qui n'ont cessé de les menacer de transfert.

Plusieurs
prisonniers isolés nous informent qu'ils avaient obtenus des permissions
de sorties de prison mais comme ils n'ont pu les utiliser en étant isolés,
ils ont du retourner en tant que prisonnier dans leurs bâtiments. Pour que
tout le monde puisse retourner dans leurs cellules, ils ont du signer un
document dans lequel ils s'engageaient à maintenir une ambiance de vie en
commun et à n'agresser personne. L'INPEC de son coté n'a pas eu à
s'engager.

Finalement 23 détenus ont été transférés, reconnus comme « leaders » de
bâtiments. Les problèmes sérieux de « gouvernance » à l'intérieur de
l'établissement pénitentiaire et carcéral ont fait que l'INPEC a signalé
et stigmatisé les détenus politiques, ceux-la même qui apportaient
organisation et permettaient une vie en commun au sein de la prison.

Ces graves faits de torture qui se sont manifestés par de la violence,
l'entassement des prisonniers, le refus des services publics et
d'assistance, sont une violation des droits humains des personnes
emprisonnées et compromet l'obligation de l'État à protéger la vie,
l'intégrité physique, la dignité et la sécurité juridique des citoyens
privés de liberté. Nous constatons les violations des garanties minimales
pour ceux qui sont privés de liberté du fait qu'ils ont été victimes de
traitements inhumains et dégradants et qu'on leur refuse l'accès aux
services minimums que sont l'accès à l'eau potable et à l'alimentation.


Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques

Département d'Antioquia,
Medellin le 20 février 2009


Traduction : Ludo (SI de la CNT)

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