Publié le dimanche 1er mars 2015
Le Groupe Afrique du secrétariat international et le syndicat de l'éducation de Paris de la CNT ont organisé le 24 janvier dernier une soirée sur la situation en Tunisie. Une cinquantaine de personnes sont ainsi venues voir la projection du film « Fellagha » de Rafik Omrani, nous replongeant dans les premiers mois de l'année 2011 avec l'occupation populaire pendant plusieurs jours de la Kasbah à Tunis : son quotidien, la répression sur cette place du gouvernement, et la détermination des habitants des régions intérieures de la Tunisie, de Sidi Bouzid, Gafsa, Kasserine... montés à la capitale, et qui avaient été en première ligne du soulèvement menant à la chute de Ben Ali. Pour le débat qui a suivi, étaient présents Rania Majdoub évoquant la situation des femmes depuis 2011 et sa vision des changements, l'expression populaire dans les rues. Puis Majid Haouachi, ancien fondateur du parti communiste des ouvriers tunisiens, nous a rappelé les points forts du mouvement révolutionnaire et ses liens avec l'histoire de l'indépendance tunisienne. Et le mois de janvier reste emblématique, janvier 1978 première grève générale, janvier 1984 « émeutes du pain » historiques soldées par une sanglante répression, janvier 2011 pic du soulèvement populaire menant au départ du régime du RCD... Janvier 2015... Elections post soulèvement en Tunisie, … claque pour les camarades et les habitants, le terrain des luttes n'est plus largement au goût du jour, le jeu électoral bat son plein mais beaucoup ne sont pas dupes. La situation n'a pas changée en Tunisie, les chômeurs, les étudiants, syndicalistes le savent, 30% de chômage en plus depuis 2011. Une désillusion chez beaucoup qui y croyaient au processus révolutionnaire... Mais certains sont encore en train de se battre, dans les régions intérieures, les syndicalistes de base de l'UGTT, conscients qu'il ne faut pas lâcher et que ce sera d'autant plus difficile pour un syndicalisme de combat de tenir face maintenant à un gouvernement d'alliance avec Nahdha et Nidaa Tounes. Cette soirée de débat était consacrée à ces sydicalistes avec qui la CNT construit un lien depuis plusieurs années, en effet les bénéfices de la soirée ont été reversés à la section UGTT des fonctionnaires de l'éducation de la région de Sidi Bouzid. Des camarades qui ont été connus dans les comités de chômeurs très actifs en 2011 et après, puis ont trouvé du travail, dans le secteur administratif de l'éducation, et ont rapidement monté une section syndicale dans un secteur historiquement infiltré par le RCD. Depuis plus d'un an différentes grèves ont été menées, principalement sur des questions du respect des grilles de salaires, aussi sur les conditions des élèves qui font des kilomètre depuis une zone rurale éloignés et qui ne sont pas logés. Des grèves dures où non seulement il fallait faire face au ministère mais aussi à la bureaucratie syndicale qui ne les soutenait pas, voire tentait de les écraser. Récemment un mouvement de grève a touché plusieurs régions, et une montée à la capitale avec des sitt-in sur Tunis. Peu de victoires concrètes, mais une mise en lien des sections de base combattives n'est pas négligeable ! Aujourd'hui la CNT soutien le projet d'une toute nouvelle revue, « Notre école et la révolution » initiée par cette section syndicale, des lycéens y participent aussi, et qui fait échos selon ses fondateurs à différentes publications de la CNT passées dans leurs mains. Concrètement l'impression du premier numéro a été faite en France, en coup de pouce, mais l'objectif à termes est de permettre aux camarades d'avoir du matériel sur place pour imprimer de façon indépendante.
Le GT Afrique du secrétariat International
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