Publié le dimanche 20 mai 2012
Le projet visant à transformer tout l’Isthme de Tehuantepec en un vaste couloir éolien de La Venta, La Ventosa jusqu’à l’Océan Pacifique englobe le territoire de San Dionisio del Mar, en l’occurrence l’île de Pueblo Viejo habitée par une communauté de pêcheurs huaves.
Il est de notoriété publique que le contrat signé entre l’assemblée agraire et l’Entreprise Preneal, en 2004, le fut dans des conditions scandaleuses. Après le refus de deux assemblées successives, une grossière manipulation aboutit à faire signer 300 personnes sur les 1 000 qui sont effectivement concernées. Outre le fait que les règles de consultation de la population furent ainsi bafouées, il y eut un refus d’informer quand aux conséquences de l’implantation d’un parc éolien sur l’île de Pueblo Viejo.
Au mois d’août 2011, les 80 pécheurs de l’île prenant conscience de ces conséquences ont rejeté unanimement le projet éolien.
En janvier 2012, l’ensemble de la population de San Dionisio del Mar réunie en assemblée prend le parti des pêcheurs et rejette le contrat. Le maire, sans tenir aucun compte du rejet de la population, signe pourtant le changement de statut du sol de l‘île en échange d’une somme de 14 millions de pesos et 3 millions en travaux publics. L’assemblée révoque alors le maire et lui interdit l’accès de la mairie. Un planton se met en place devant le lieu. Le maire porte plainte contre les actions de blocage et d’occupation. Malgré le fait qu’il ait été désavoué par l’assemblée de San Dionisio del Mar, celui-ci poursuit son activité faisant du porte-à-porte pour distribuer de l’argent aux gens en difficulté afin de les regagner en faveur du projet éolien.
En avril 2012, « les meneurs » sont convoqués au commissariat de police de Juchitan pour enquête suite à la plainte du maire. Simultanément, des menaces ont été portées par des hommes fortement armés, arrivés en voiture à San Dionisio del Mar sans plaque d’immatriculation. Intimidation, menaces à peine voilées, climat de tension, voilà dores et déjà le quotidien que les managers de la soi-disant « énergie propre » imposent aux habitants de San Dionisio del Mar via des groupes paramilitaires.
Si l’entreprise se présente comme favorisant le respect de la nature, en entretenant l’illusion de l’énergie propre, les conséquences environnementales de son projet seront extrêmement lourdes, et ce seront les peuples indigènes de l’Isthme qui vont les supporter.
Installer plus de 112 aérogénérateurs sur la barre de San Térésa qui relie l’île de Pueblo Viejo au continent est une aberration écologique car elle modifiera tout le système fragile de la lagune. Des milliers de tonne de ciment vont être déversées, entraînant la disparition de la mangrove, les champs magnétiques vont faire fuir crevettes et poissons, principales ressources des pêcheurs.
L’île qui est une zone boisée, entretenue par les habitants et où vivent de nombreux animaux va être totalement saccagée. Cette destruction du biotope ne va pas se limiter au territoire de San Dionisio del Mar mais aussi à celui des communautés zapotèques de Juchitán, Alvaro Obregón, Xadani, Unión Hidalgo, Chicapa de Castro et des communautés huaves de San Mateo del Mar, San Maria del Mar, Huamuchil, Santa Cruz Montecillos et San Franscisco del mar.
Les conséquences sociales seront tout aussi lourdes, bouleversant l’organisation des populations indigènes de la région. Leur espace de vie va être modifié, la notion de peuple, de communauté, attachée à un environnement et au respect de celui-ci va être remise en cause. À terme, c’est une décomposition de la vie sociale que va produire l’implantation des parcs éoliens. Sacrifier l’usage commun à l’intérêt privé, voilà le comportement que de tels projets veulent systématiser.
Des divisions, des tensions apparaissent déjà entre ceux qui tentent de sauvegarder une vie collective et ceux qui comme le maire de San Dionsio del Mar favorisent leur intérêt personnel au détriment de la communauté.
Nous conclurons en remarquant que la majorité des entreprises engagées dans les projets éoliens de l’Isthme sont européennes. En conséquence de quoi il nous semble important et nécessaire que des collectifs d’Europe fassent pression pour dévoiler le vrai visage de ces entreprises capitalistes, dont l’action au Mexique apparaît comme une répétition de l’histoire coloniale, avec la dépossession de leur terre, de leur mode de vie, de leur pensée pour les peuples originaires du pays.
Communiqué de la Commission civile d'observation
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