Publié le samedi 14 juin 2008
Très tôt dans la matinée du samedi 7 juin courant, les citoyennes et citoyens de la
ville de Sidi Ifni ont subi l'intervention sauvage et musclée des forces publiques.
Ainsi, le Bureau central de l'AMDH a suivi, tout en dénonçant les actes sauvages
commis à l'encontre des citoyennes et citoyens, tant dans les rues qu'au sein de
chez eux, alors qu'ils étaient en plein sommeil, par les forces publiques qui les
ont battus avec de gros bâtons leur causant des fractures dans différentes régions
du corps et les ont humiliés par leurs insultes. De même, les citoyennes et citoyens
ont été victimes de harcèlement sexuel, de viols et de vols de leurs biens, de
pillage d'ordinateurs, de téléphones portables, de bijoux et d'argent. Les forces
publiques ont usé de bombes lacrymogènes, de balles de caoutchouc, de pierre et de
bâtons contre des manifestations pacifiques enfreignant ainsi le code des libertés
publiques. En outre, les
détenus ont été gravement torturés et ont souffert de vengeance qu'ils ont dû subir
en dépit de la prohibition par les chartes internationales de la torture et de tous
les actes humiliants et dégradants qui portent atteinte à l'intégrité physique et à
la sécurité personnelle.
Cette intervention sauvage des forces publiques fait penser aux événements
douloureux durant les affrontements avec les autorités lors des soulèvements sociaux
qu'a connus le Maroc des années dites de plomb. En dépit des discours officiels des
dernières années sur le changement démocratique et la volonté de tourner la page du
passé, la continuité de ces violations des droits humains et la primauté donnée à
l'approche sécuritaire vis-à-vis des protestations du mouvement social montre
clairement que l'Etat ne pense nullement à rompre avec son passé d'autant plus que
ce sont les responsables sécuritaires des années de plomb qui ont supervisé les
attaques à l'encontre des habitants de la ville de Sidi Ifni les 7 et 8 juin
courant.
Exprimant sa solidarité avec les citoyennes et citoyens dont les droits essentiels
ont été bafoués lors de l'attaque répressive, le Bureau Central dénonce aussi le
blocus de la ville durant le samedi et l'interdiction aux
représentant (e) s de l'AMDH d'accéder aux différents établissements, et notamment
l'hôpital local le dimanche pour collecter les données concernant la situation des
blessés à la suite de ces événements ; de ce fait il s'est avéré de confirmer ou
d'infirmer les informations de la presse qui ont fait état de morts ; par ailleurs
comment peut-on croire au démenti du Gouvernement concernant l'existence de
personnes décédées ? Comme il est difficile d'identifier ces dernières dans
l'attente de l'achèvement des enquêtes et surtout que des familles ignorent toujours
le sort de certains de leurs membres qu'ils soient ou non détenus.
Considérant ce qui précède, le Bureau central :
Condamne énergiquement les représailles perpétrées à l'encontre des habitants de
la ville de Sidi Ifni et les violations graves des droits humains commises par les
forces publiques en l'occurrence les agressions et les tortures des détenus qui ne
peuvent aucunement être justifiées.
Dénonce les arrestations arbitraires commises par les forces publiques et
revendique la libération des détenus parmi lesquels un bon nombre d'acteurs de la
société civile et du mouvement social à Sidi Ifni.
Dénonce l'état de siège appliqué à la ville et les poursuites incessantes
perpétrées à l'encontre des jeunes de la ville qui se sont vus dans l'obligation de
quitter les lieux afin d'éviter la sévices des autorités et leur intervention
sauvage et revendique l'arrêt immédiat des recherches et des poursuites menées à
l'encontre d'un bon nombre de militant (e) s tout en réprouvant les tentatives de
terroriser les journalistes et les acteurs de la société civile dans le but de les
empêcher de démasquer les crimes perpétrés par les autorités à l'encontre des
habitants.
Revendique l'ouverture d'une enquête sur les événements et réclame que le Général
Laânigri, le Gouverneur de la Province et le Ministre de l'Intérieur ,en tant que
premier responsable de l'action des forces publiques vis-à-vis des citoyens,
répondent de leurs exactions ; qu'il soit présenter des excuses aux victimes, aux
habitants de Sidi Ifni et à tout le peuple marocain en ce qui concerne les
agressions commises par ces fonctionnaires à l'encontre d'habitants sans défense.
Réclame la satisfaction des revendications présentées par les habitants de Sidi
Ifni depuis 2005 et qui se limitent au respect de leurs droits économiques, sociaux
et culturels. Le bureau central conclu que les autorités locales doivent honorer les
engagements pris devant leurs représentants en l'occurrence l'offre d'opportunités
d'emploi et des services sociaux essentiels et le rapprochement de l'administration
du citoyen…
Pour le Bureau central
Le 9 juin 2008.
L'AMDH en bref :
AMDH : Association Marocaine des Droits Humains, ONG constituée en juin 1979,
reconnue d'utilité publique, vouée à la défense et la promotion des droits humains
au Maroc, affiliée à la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l'Homme).
Actuellement elle dispose de 73 sections locales et 8 sections régionales et
compte 8.000 membres environ dont un sixième de femmes.
Le site web de l'AMDH :