Publié le mercredi 16 mai 2018
Dans le cadre de la quinzaine anti-coloniale à Paris, une soirée s’est déroulée le vendredi 16 mars 2018, dans les locaux de la Confédération Nationale du Travail (CNT), avec pour thème : « Regards croisés : Sahara Occidental - Kanaky ».
Cette soirée qui a rassemblé plus d'une soixantaine de personnes, a été co-organisée par les groupes Afrique et Océanie du secrétariat international de la CNT, l'AFAPREDESA (Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis), le CORELSO (Comité pour le respect des libertés et droits humains au Sahara Occidental), l'USTKE (Unions syndicale des travailleurs Kanaks et des exploités), et le MJKF (Mouvement des Jeunes Kanaks en France).
La soirée s'est ouverte avec une exposition qui a été réalisée pour cette occasion par les différentes organisations présentes, mettant en comparaison les deux situations coloniales, celle des Kanaks de Nouvelle-Calédonie colonisés par la France, et celle du Sahara Occidental sous occupation marocaine et qui lutte également pour son autodétermination. L'objectif était de mettre en évidence les problématiques communes et les spécificités, et cela à travers différentes thématiques : l'histoire de la résistance anti-coloniale, les institutions et l'administration, le peuplement comme stratégie coloniale, l'exploitation des ressources des territoires, les luttes sociales, et bien sûr la question centrale du référendum. En effet, suite aux Accords de Nouméa signés en 1998, un référendum d'autodétermination pour les Kanaks devait être organisé entre 2014 et 2018.
2018, nous arrivons presque aux termes de ce délais et le référendum est annoncé pour le 4 novembre prochain. Tournant historique pour la résistance Kanak. Les indépendantistes Kanaks sont en pleine campagne pour cela, et ce combat n'est pas simple face aux manœuvres anti indépendantistes.
C'est dans le cadre de cette actualité, qu'il était intéressant pour les organisateurs de croiser cette réalité à celle du peuple sahraoui, qui attend depuis 1991 l'organisation d'un référendum. Et dont la France participe aussi activement pour ce report interminable en soutenant directement le pouvoir marocain dans ses manœuvres.
Croiser ces deux réalités coloniales a été très riche de sens. Le débat a été très dense et percutant avec la participation comme intervenant de Daniel Goa, porte parole du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), qui était de passage à Paris avec plusieurs membres du FLNKS, ainsi que Brahim Fadeli, militant sahraoui originaire des campements de réfugiés de Tindouf, et Olfa Ouled, avocate des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik.
Dans la salle plusieurs interventions ont également souligné l'importance de faire écho en France de ces luttes pour l'autodétermination, et de construire des mobilisation sur ces sujets pour faire pression sur le gouvernement français. Olfa Ouled a d'ailleurs précisé l'importance, et l'urgence pour les prisonniers politiques de Gdeim Izik, de transmettre leurs paroles, alors qu'ils subissent des tortures et mauvais traitement. Certains avaient entamé une nouvelle fois une grève de la faim depuis plusieurs jours, et qui s'est poursuivie plusieurs semaines.
Cette soirée marque le début d'un projet qui se concrétisera au printemps, à travers une tournée d'événements du même type avec le support de l'exposition, et avec les mêmes organisateurs, dans différentes villes de France, et l'objectif étant qu'elle soit accueillie par des syndicats locaux de la CNT. L'exposition réalisée pour l'événement sera également présentée lors du festival de CNT région parisienne fin juin 2018.
La CNT porte dans ses statuts différentes motions posant son orientation internationaliste, et anticolonialiste. Une motion particulière porte sur le soutien actif à l'autodétermination Kanak en vue de 2018, et à la multiplication d'actions en ce sens. De même la CNT essaie de porter dans ses réseaux la solidarité à la lutte (trop méconnue et passée sous silence) du peuple sahraoui pour son autodétermination, et pour la libération des prisonniers politiques.
Le lendemain de cette soirée, lors de la manif anti-coloniale dans les rues de Paris, les Sahraouis et Kanaks ont marché côte à côte, et les militants du FLNKS ont scandé à plusieurs reprises des slogans pour la lutte sahraouie.
Cet événement dans le cadre de la quinzaine anti coloniale promet certainement de futurs liens plus concrets entre Kanaks et Sahraouis dans leur résistance anti coloniale, et leur autodétermination. Ainsi que le renforcement de ceux entre collectifs et syndicats actifs ici en France en solidarité à leurs luttes.
GT Afrique et Océanie
Article publié dans Le Combat Syndicaliste n°435 (Mai 2018)
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