Publié le mercredi 16 février 2005
Suite au lamentable 20e Congrès de Madrid, la CNT a organisé une réunion extraordinaire de ses syndicats pour définir sa politique internationale. Preuve est que la CNT ne prend nullement à la légère son rôle (certes modeste) et sa participation à l'édification d'une Internationale forte, capable de s'opposer avec succès au capitalisme mondial. Avant d'en arriver là, un long, un très long chemin nous attend et un état des lieux s'est imposé. Madrid : émergence d'un politburo ?
Les conséquences de Madrid sont nombreuses au niveau de l'analyse de la réalité internationale. Notre délégation s'était déplacée à Madrid en s'attendant à avoir un débat polémique, un débat dur mais un débat tout de même. Or sans " pleurnicher " sur notre sort, il est important de souligner que quoi que nous eussions fait, la décision avait été prise depuis longtemps : la CNT-F aurait été exclue. Notre grand tort est d'avoir pensé que l'AIT se devait de se tourner vers l'avenir et non pas s'ancrer dans le passé. Le choix des scissionnistes comme section française de l'Internationale implique la négation du mouvement social français qui après une longue léthargie se reforme. Notre confédération, à la différence de la scission, peut prétendre à une (modeste) place dans ce mouvement et ce, grâce à notre implantation dans le monde du travail, implantation née, non pas aux dépends de nos principes mais grâce à nos pratiques anarchosyndicalistes et syndicalistes révolutionnaires. Malgré cela, malgré notre riche bilan qui argumentait dans ce sens, rien n'y a fait.
Quels sont les motifs de cette exclusion planifiée ? Un habile travail de lobbyng ? Un choix fait par " copinage " Peut-être, mais l'élément essentiel est sans doute la formidable place que la doctrine a pris au sein de certaines sections. Ironie de l'histoire quand on se penche sur le passé de l'AIT et notamment sur le congrès de La Haye en 1872 ! Avant de rassembler les travailleurs, avant de s'impliquer dans le mouvement social avec notre bannière, certaines sections mettent en avant l'unique aspect idéologique. Les adhérent(e)s se doivent d'être avant tout des militant(e)s qui pensent et agissent en accord avec le dogme libertaire, au diable les pratiques de lutte, seule la doctrine doit dominer. Ainsi des sections fantômes comme la NSF se cantonnent à un rôle de gardien du dogme tout en n'ayant aucune implication dans le monde du travail norvégien. Le constat est le même pour les " Amis " de l'AIT, fausse section et vrai greffier de tribunal qui passe son temps à donner des leçons de pureté idéologique. Ce sectarisme se retrouve également chez certains militants de la CNT espagnole qui ont été particulièrement actifs pour arriver à notre exclusion et à celle de l'USI Rome. Sont-ils aussi actifs contre l'État et les patrons qu'ils l'ont été contre nous ? Cette émergence formelle du dogmatisme, outre le fait qu'elle soit à contre-courant de la réalité internationale et de la lutte que nous devons mener, se teinte également d'un fort ethnocentrisme. L'idéologie mise en avant comme valeur fondamentale de l'AIT est une idéologie faite par et pour des Occidentaux. Comment peut-on, en niant la formidable réalité de nos pratiques, espérer un développement dans les pays du tiers-monde alors que l'AIT demande aux sections d'être avant toute chose des anarchistes ? Cet aspect missionnaire est en total contradiction avec nos principes et pratiques de luttes qui doivent privilégier l'autonomie ouvrière. Les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis
Alors qu'allions-nous faire dans le domaine de l'International ? Allions-nous de suite construire une nouvelle internationale avec la SAC suédoise, la CGT espagnole et l'USI Rome ? Certes non, la réunion des 25 et 26 janvier 1997 a été très claire sur ce point. Il nous semble aussi important de démystifier la SAC et la CGT-E. en ayant une information claire sur leurs activités, sur leurs aspects positifs et sur leurs côtés incontestablement réformistes notamment sur la question des subventions d'État et des permanents. Il nous semble surtout important de développer les liens avec les sections vivantes de l'AIT, celles qui ont une réelle stratégie d'implantation dans le monde du travail, celles qui veulent dépasser le stade du groupuscules dogmatique. Ces sections existent. La construction d'un mouvement fort au niveau national n'a que peu d'avenir si en parallèle un mouvement international n'émerge pas.
Une grande majorité des syndicats de la CNT ont dégagé comme principale orientation internationale le texte suivant :
" La CNT-F ne reconnaît pas son exclusion du congrès de Madrid. En conséquence elle entend poursuivre son travail internationaliste en liaison avec les sections de l'AIT qui le souhaitent et en relations avec les syndicats présentant des caractéristiques de ruptures avec le capitalisme et l'Etat et agissant hors de l'AIT. "
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