Publié le vendredi 5 juillet 2019
Lors du meeting de solidarité au Centre démocratique kurde en France, le Secrétariat International de la CNT a tenu à adresser ce message :
« Camarades,
c'est avec une profonde inquiétude et colère que nous nous retrouvons aujourd'hui.
Le secrétariat international de la CNT tient à exprimer son entière solidarité à l'ensemble des camarades Kurdes, et dénonçons fermement les pressions et menaces qu'ils continuent de subir ici en France.
Nous n'oublierons jamais, nos camarades assassinées par l’Etat turc dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013 en plein cœur de Paris, et ce avec la complicité du pouvoir français. Nous voulons, une fois de plus, dire leur nom pour affirmer que jamais nous ne les oublierons : Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Söylemez. Nous continuerons de lutter à vos côtés pour qu'enfin la vérité et la justice soient faites sur ces assassinats !
Mais nous ne voulons pas ajouter à cette liste Agit Polat et Vedat Bingöl, ni aucun et aucune autre camarade de plus !
Aujourd'hui, ils sont ouvertement menacés de mort, ici en France !
Le pouvoir français est au courant et participe à la répression des kurdes en France en réalisant cette vague de perquisitions inadmissibles pour l'arrestation de camarades kurdes.
Nous dénonçons avec force cette complicité.
Par ailleurs les perquisitions chez des camarades français syndicalistes solidaires des camarades kurdes est une première ici en France, et un nouveau signal clair. Nous le prenons très au sérieux également. Mais cela ne nous fera pas taire, bien au contraire. Nous exigeons la levée immédiate de toutes ces poursuites. Et c'est au renforcement d'une mobilisation large de solidarité ici en France que nous appelons.
Il devient urgent de construire une réaction à la hauteur de la gravité de ces actes !
Camarades Kurdes nous serons toujours à vos côtés ! Votre combat pour un Kurdistan libre est à jamais le nôtre.
Nous voulons aussi saluer avec humilité mais avec force, tous les prisonniers politiques Kurdes, et la mémoire des camarades kurdes tombés depuis 40 ans dans votre combat pour la liberté de votre peuple, opprimé par quatre Etats impérialistes avec la complicité des grandes puissances de ce monde, dont la France qui cautionne et entretient des relations étroites avec le pouvoir assassin de Erdögan.
Aussi, nous adressons toute notre solidarité internationaliste aux militants du mouvement de libération du Kurdistan actuellement en lutte contre le fascisme, quelque soit son drapeau.
LA SOLIDARITE INTERNATIONALE SERA TOUJOURS NOTRE ARME !
VIVE LA LUTTE DU PEUPLE KURDE !
BIJI KURDISTAN ! »
Appel à la manifestation, signée par la CNT :
Nous, organisations politiques, syndicales, de la société civile française, condamnons la vague de répression menée actuellement par la justice française à l'encontre de militant.e.s kurdes, engagé.e.s dans la recherche d'une solution politique pour le Kurdistan.
Le 12 juin 2019, la veille de la visite en Turquie du Ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, plusieurs perquisitions ont été menées par la police française dans le but d'arrêter des militant.e.s du mouvement démocratique kurde. Son homologue turc l'a même félicité de l'action menée par la France contre le mouvement kurde. Ces perquisitions ont pu également toucher des soutiens extérieurs au mouvement kurde, dont des syndicalistes français.e.s.
De plus, deux militants, Agit Polat et Vedat Bingöl, respectivement porte-parole et ancien Coprésident du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), ont vu leurs avoirs gelés sur la décision des ministères de l'économie et de l’intérieur. Ces deux mêmes personnes ont été explicitement menacées de mort de manière indirecte. Dans le cas de l'un d'entre eux, son jeune fils a été abordé dans un parc où il jouait par un inconnu qui a proféré des menaces à l'encontre de son père.
En 2013, trois militantes kurdes ont déjà été assassinées en France. L'enquête conduite par la justice française a démontré que les commanditaires de cet acte ignoble étaient des responsables de premier plan des services secrets de Turquie (MIT). La justice n'a pas pu être rendue en raison du décès du meurtrier. Il serait insoutenable qu'un nouveau drame se produise. Nous demandons que l'État français prenne ses responsabilités, et protège les militant.e.s politiques kurdes qui ont trouvé refuge ou sont né.e.s sur son sol contre toute atteinte à leur vie ou à leur liberté d'expression et d'organisation politique.
La France ne doit pas se faire la supplétive de la Turquie en participant à la répression du mouvement démocratique kurde. La fraternité des peuples ne se marchande pas contre une poignée de contrats. Les partis kurdes se réclamant du confédéralisme démocratique, PKK en tête, ont mené la lutte contre l'obscurantisme de Daesh au prix d'immenses sacrifices qui se sont traduits par la mort de jeunes hommes et femmes kurdes. Durant cette période, la Turquie fournissait un appui militaire, logistique et financier aux criminels de l'Etat Islamique. Les Kurdes ont ainsi contribué à protéger l'Europe des attaques de Daesh. Les organisations kurdes tentent de mettre en place au Moyen-Orient une alternative démocratique, basée sur le progrès social, l'émancipation des femmes et l'égalité ethnique et religieuse. Que signifie alors pour la France le fait de réprimer leurs militant.e.s qui mènent une action politique légale, à visage découvert ?
Les poursuites à l'égard des militant.e.s kurdes doivent être abandonné.e.s, et la France doit reconnaître la légitimité du PKK comme acteur politique de premier plan au Moyen-Orient, en commençant par le retirer de la liste des organisations terroristes.
Premiers signataires : France-Kurdistan, Union Syndicale Solidaires, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié des Peuples (MRAP), Conseil de Coordination des Organisations arméniennes de France (CCAF), Parti communiste français (PCF), Parti de Gauche (PG), France insoumise (FI), Europe Écologie Les Vers (EELV), Génération Union communiste libertaire (UCL), Confédération nationale du Travail (CNT), Collectif des Amazighs en France, SOS Racisme, Union Prolétarienne ML, Génération.s, Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS), Union des Etudiants Communistes (UEC), Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF)
Rien pour ce mois