Publié le samedi 24 janvier 2009
La littérature jeunesse sur la Palestine et le conflit israélo-palestinien est évidement (et paradoxalement) une littérature du dialogue et des échanges possibles et impossibles ; une littérature qui voudrait parler de paix mais qui trop souvent crie l'étouffement, l'incompréhension, la souffrance et la peur ; une littérature du témoignage et de l'engagement mais aussi du hasard des rencontres ; une littérature qui, enfin, s'adressant aux enfants et aux adolescents, ne veut pas être neutre mais rester, le plus souvent, à l'équilibre par crainte de tomber dans le manichéisme...
Une bouteille dans la mer de Gaza
Valérie Zenatti, Écoles des loisirs (Médium), 2005, 166 p., 9,50 €. Tal est Israélienne, Naïm palestinien. Ces deux ados vont se rencontrer à travers une correspondance à la fois drôle et émouvante. Plongés au cœur du conflit, ces échanges offrent une occasion de réfléchir et d'interroger la réalité de la situation palestinienne mais aussi celle de l'occupation israélienne (un peu idéalisée dans ce roman). Porteur d'un message de paix, récit d'une rencontre improbable, regards croisés de deux jeunes que tout oppose, un beau roman qui ravira à la fois ados et adultes (dès 12 ans).
Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada)
Véronique Massenot, LdP jeunesse n° 959 (Histoires de vies), 2003, 155 p., 4,90 €. Soliman est Palestinien et vit en Cisjordanie dans la région de Jénine. Pendant la première Intifada, son grand frère est mort en martyr... Sept ans plus tard, en fouillant ses affaires, Soliman trouve un cahier pratiquement vierge et décide d'écrire un journal. Il y confie alors sa vie et son quotidien pour témoigner de l'immense souffrance des siens, mais aussi pour comprendre. Le récit sous la forme d'un journal permet d'entrer à la fois dans la psychologie du jeune adolescent – ses doutes, ses rapports à la famille, le poids de la tradition – et dans la réalité tour à tour sordide ou douloureuse, légère ou amoureuse... La vie du quartier, l'école, les tirs et les intimidations des soldats israéliens, les crises d'angoisse des enfants mais aussi le plaisir de l'écriture et des discussions entre amis forment une trame réaliste et sans naïveté. Un roman fort mais de lecture aisée, à lire à partir de 12 ans.
Les contes de l'olivier : Contes juifs et arabes réunis
Catherine Gendrin, Judith Gueyfier (ill.), Rue du monde, 2007, 143 p., 18,50 €. « Paix se dit salam en arabe et shalom en hébreu, la langue des juifs. Deux mots frères, voisins, cousins, qui se tendent la main comme tous les contes réunis dans ce livre autour d'un paisible olivier et d'un rêve de fraternité.» Ces 18 contes venus d'Algérie, d'Andalousie, de Palestine, de Syrie et même d'Europe cassent les frontières et puisent leurs racines dans le vieux pot commun des littératures populaires de la Méditerranée, du Maghreb et du Moyen-Orient juif ou arabe. La tradition juive d'Europe centrale et orientale n'est pas oubliée et selon les lieux, les personnages et les situations, ces histoires courtes peuvent être lues pour le plaisir enfantin de l'histoire du soir ou dans la tradition du conte philosophique qui veut éveiller l'attention et susciter la réflexion. Ainsi le conte andalou « Le Sage, le pirate et la charade » se termine sur une maxime presque universelle : « Une tête bien remplie est plus utile qu'un grand trésor. Cultive ta pensée, car cette richesse-là, personne ne pourra te la voler ! » (À partir de 8 ans).
Quelques références de romans
– Shalom salam maintenant, Rachel Corenblit, Éd. du Rouergue (DoAdo monde), 2007, 178 p., 9 €. Camille, d'origine juive et Chaïma, palestinienne se rencontrent dans un hôpital, à Toulouse. Elles se racontent leur histoire et les cinquante ans de conflit (collège).
– 11h47 bus 9 pour Jérusalem, Pnina Moed Kass, Milan (Macadam), 2005, 271 p., 8,50 €. En temps réel, heure par heure et minute par minute, les destins de personnages venus d'horizons totalement différents se croisent en Israël et basculent dans l'explosion du bus qui les conduit à Jérusalem (à partir de la 3 e).
– Tant que la terre pleurera, Yaël Hassan, Casterman (Comme la vie), 2004, 133 p., 7,50 €. Trois histoires où vont se croiser Samy le jeune juif français qui émigre en Israël suite à une agression antisémite, Intissar, la jeune Palestinienne qui commettra un attentat-suicide pour venger l'honneur de son père et Leila, la fillette arabe qui attend une greffe du rein (collège).
– Rêver la Palestine, Randa Ghazy, Flammarion-Père Castor (Romans grand format), 2002, 206 p., 10 €. Un roman anti-israélien très controversé, volontairement partial écrit par une jeune auteure de 15 ans. (Pour collégiens avancés et lycéens).
– Quand j'étais soldate, Valérie Zenatti, Écoles des loisirs (Médium), 2002, 258 p., 11 €. Le journal de bord en partie autobiographique d'une jeune fille effectuant son service militaire dans l'armée israélienne. Le thème du conflit et de l'occupation apparaît en filigrane (à partir de la 3 e).
Quelques références de documentaires et de témoignages
– Si tu veux être mon amie, Litsa Boudalika, Gallimard jeunesse (Folio junior), 2002, 168 p., 5,80 €. Deux jeunes filles, Mervet, 13 ans, qui vit dans un camp palestinien et Galit, 12 ans, de Jérusalem correspondent et s'interrogent. Un témoignage construit à partir des lettres des deux jeunes filles (collège).
– Rachel vit à Jérusalem, Nasser à Bethléem, Laure Mistral, La Martinière jeunesse (Enfants d'ailleurs), 2006, 48 p., 12 €. Rachel est une jeune Israélienne qui habite Jérusalem avec sa famille. Nasser est palestinien et vit dans un camp de réfugiés près de Bethléem. La vie quotidienne des deux enfants et un appareil documentaire pour comprendre (dès 9-10 ans).
– Trois vœux : Paroles d'enfants palestiniens et israéliens, Deborah Ellis, Le Livre de poche jeunesse n°1221 (Histoires de vies), 2006, 189 p., 5,50 € Témoignages d'enfants de 8 à 18 ans qui vivent en Israël, qu'ils soient Palestiniens dans les territoires occupés, ou Israéliens. Un témoignage d'un enfant d'un peuple alterne avec celui de l'autre peuple (collège).
Quelques BD
– Moussa et David : Deux enfants d'un même pays, Jacques Demiguel (dessin) et Maurice Rajfus (scénario), Tartamudo, 2007, 56 p., 10 € Une leçon d'histoire, d'humanisme et d'espoir (collège). Chroniquée dans N'Autre école n° 18.
– Palestine : Une nation occupée (t.1) ; Dans la bande de Gaza (t.2), Joe Sacco, Vertige Graphic, 1994, 150 et 148 p., 15,10 € par volume. Reportage et témoignage engagé de Joe Sacco, dessinateur américain, sur les conditions de vie des Palestiniens au début des années 1990 (à partir du lycée) – voir l'encadré p. 8.
– L'intruse : La découverte (t.1) ; Les palestiniens (t. 2), Oko (dessin) et Roannie (scénario),Vertige graphic (Roman graphique), 2008, 95 et 114 p., 15 € par volume. Journal de bord illustré, ce document témoigne, en une suite de petites histoires, loin de tout sensationnalisme, de l'injustice qui est faite aux Palestiniens et des souffrances de part et d'autre. Le tome 3 est à paraître en 2009 et sera consacré à Israël (à partir du lycée).
Cette bibliographie et ces quelques notes de lecture ont été établies grâce à la liste de diffusion "e-doc" des professeurs-documentalistes : suite à une demande de biblio sur la Palestine, de nombreuses références sont arrivées dans ma boîte aux lettres électronique. L'excellent site Ricochet « Portail européen sur la littérature jeunesse » (www.ricochet-jeunes.org) a permis de compléter cette compilation et des camarades de la FTE ont également proposé notes et pistes de recherche. Cette biblio n'est donc qu'un premier défrichage à compléter... (FS)
Rien pour ce mois