Publié le mercredi 2 avril 2014
La politique menée dans l’État espagnol est à analyser avec un œil dans le rétroviseur.
Au moment de la mort du dictateur Franco, en 1975, une "Transition démocratique" est mise en place. Celle-ci est placée sous les auspices du roi Juan Carlos, désigné par le général pour être son successeur à la tête du pays. En réalité, la Transition ne sera qu'un ravalement de façade pour anciens franquistes désireux de conserver leurs pouvoirs dans un régime dit démocratique. Ainsi, aucun travail de reconnaissance des crimes de la période franquiste ne sera effectué, mais surtout, la plupart des futurs cadres de la monarchie constitutionnelle seront issus de l'appareil d'État précédent.
Aujourd'hui, le Parti populaire, actuellement au pouvoir à Madrid, regroupe ainsi les derniers d'entre eux et continue d'être l'un des partis les plus réactionnaires de la droite européenne. Preuve en est, les récentes décisions prises par le gouvernement de Mariano Rajoy, dans un contexte de crise économique majeure dans lequel plus de 25 % des actifs sont au chômage, les expulsions de logement se sont multipliées et l'émigration a repris. La réponse apportée par le gouvernement espagnol : la réduction drastique du budget de nombreux services publics et une véritable offensive réactionnaire.
À la plus grande satisfaction de la hiérarchie catholique, une proposition de loi visant à supprimer le droit à l'avortement a été adoptée par le Conseil des ministres et va être soumise au Parlement d'ici à l'été prochain.
Ainsi, les nouveaux critères pour qu'une femme puisse pratiquer une IVG seraient très strictes : malformation fœtale, grave danger pour la vie de la femme ou grossesse consécutive à un viol, ce dernier cas seulement si la victime a porté plainte !
Alors que la précédente loi concernant l'IVG datait de 2010, permettant aux femmes d'avorter jusqu'à 14 semaines de grossesse et sans conditions, le retour à un tel encadrement d'un droit aussi élémentaire serait un sérieux coup d'arrêt pour l'émancipation des femmes.
D'ailleurs, le ministre espagnol de la Justice, Alberto Luiz-Gallardon, a déclaré vouloir porter son combat anti-avortement au niveau européen afin, dit-il, d'en "finir avec la supériorité morale de la gauche".
Rien pour ce mois