Publié le jeudi 7 mai 2020
Bianca et Adrielle, deux petites filles sauvagement assassinées en 2006 dans un quartier périphérique de Belém du Pará au Brésil, la Pratinha. Deux victimes d'une société où les enfants paient encore un tribut trop lourd à la violence endémique et à une absence de structure les encadrant en continu (sachant que l'école ne les accueille que la moitié de la journée et que la plupart des parents travaillent). Deux symboles d'un certain Brésil, loin des cartes postales balnéaires, où la pauvreté est une réalité tristement criante, où l'école représente bien souvent la seule garantie d'un repas quotidien, un Brésil des inégalités criantes et d'une injustice qui frappe les plus faibles.
Depuis 2006 et ce drame, le terrain où les corps des fillettes furent retrouvés est devenu sous l’impulsion d’un couple d’oncle et tante un Institut communautaire dont le but est de retirer les enfants de la rue, de les protéger en leur offrant, outre un casse-croûte matin et après-midi, les fondements éducatifs nécessaires pour faire d’eux des enfants le plus épanouis possibles et de futurs citoyens critiques et responsables. Malgré les difficultés matérielles et organisationnelles, Seu Jorge et Dona Ivanice, ont donné l'impulsion de toute leur force de volonté et de tout leur cœur pour qu'une telle atrocité ne se répète plus.
Car la réalité de ce quartier, c’est un quotidien fait de grande pauvreté mais aussi de solidarité immédiate entre habitants qui n’attendent plus l’amélioration de leur sort d’une mairie aux abonnés absents, d’un état défaillant et surtout de tous ceux qui proposent une aide contre rétribution : politiciens, religieux, anciens militaires en quête de rachat depuis la fin de la dictature… les personnes veulent s'organiser par elles-mêmes et malgré les carences de tous types, réussissent de véritables prouesses fondées sur l'entraide et le bouche-à-oreille : samedi 15 octobre 2016 une centaine d'enfants a participé à la Fête des Enfants de l'Institut et, après de nombreux jeux et activités culturelles, a pu repartir avec un jouet collecté par les bénévoles.
La Pratinha, et particulièrement cette rue, sont pour le MOB (Mouvement d’Organisation de Base de Belém) [1] un espace de construction concrète de cette société plus juste où chacun réaliserait ses actes en pensant au bien de la communauté sans attendre des autres les améliorations indispensables. Le MOB accompagne depuis 2014 cette aventure humaine et jour après jour anime avec d’autres bénévoles des ateliers de sérigraphie, de renforcement scolaire, d’anglais, de recyclage pour les enfants du quartier, mais aussi un ciné-club ou encore des débats communautaires de sensibilisation aux thématiques sociales et sociétales, etc. Il prend sa part dans la concrétisation d’une autonomie loin des aides institutionnelles qui se paient en votes achetés, en dîmes reversées ou autres compensations plus ou moins directes d'aides ponctuelles et intéressées.
Cependant, même avec toute la bonne volonté et l'investissement matériel, moral et financier que chacun des bénévoles met à l’œuvre jour après jour pour animer l'Institut, des choses aussi indispensables qu'une structure pérenne, accueillante et confortable pour les enfants, des toilettes saines, un réseau électrique sûr et sécurisé ; des équipements basiques tels que chaises, ventilateurs (ou mieux climatisations), tableaux de cours, ordinateur manquent toujours au quotidien des enfants afin de les inciter à fréquenter l'établissement le plus souvent et dans les meilleures conditions possibles.
C'est donc avec un grand espoir en votre générosité, qu'en tant que bénévole du MOB participant chaque semaine aux activités de l'Institut Bianca et Adrielle [2], je fais appel à vos dons [3] pour nous aider à réaliser le mieux possible cette mission que nous nous sommes donnée de construire à tous ces enfants un avenir plus lumineux et un présent plus léger, plein de découvertes et d'apprentissages, de nouvelles connaissances, et loin de la violence, des abus, ou de la consommation de stupéfiants malheureusement fréquents à Belém.
Par avance, merci pour eux et pour celles et ceux qui feront de ces dons des réalisations concrètes telles que :
• la construction d'une maison "en dur" (actuellement il s'agit d'une baraque en bois) pour accueillir les enfants, avec deux salles de classe, une cuisine, des toilettes et une salle d'accueil administratif ;
• l'achat des équipements nécessaires au fonctionnement et à l'accueil d'une soixantaine (en moyenne) d'enfants chaque jour ;
[2] L’Institut Bianca e Adrielle est situé dans la communauté Duas Irmãs située dans le quartier de la Pratinha II, Belém/PA
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