Secrétariat international de la CNT

Mouvement des retraites en Espagne : Des syndicats au service du pouvoir

Publié le lundi 7 février 2011

L'accord signé par les dénommés « agents sociaux » (anciennement syndicats de classe) UGT et CCOO avec le gouvernement soit-disant socialiste représente la plus grande trahison envers l'ensemble de la classe des travailleurs espagnols.

Il ne reste plus de qualificatifs pour nommer cette réforme du système public de retraites.
Repousser la retraite à 67 ans, les retraites anticipées à 63, augmenter le temps de cotisation pour des droits à la retraite complète de 35 à 38,5 annuités, et amplifier la période de calcul de la retraite des 15 ans actuels aux futurs 25 ans, tout cela constitue la plus grande escroquerie que l'on puisse imposer à une population comme celle d'Espagne qui cumule les plus grands indices dans l'UE, de chômage, de précarité et d'absence de services sociaux.

Dans ces conditions de carence d'emploi pour 5 millions de personnes, de pauvreté pour 8 autres millions et un chômage des jeunes de près de 40 %, rallonger la durée du travail et augmenter les exigences de cotisations ne peut s'interpréter que comme une soumission du syndicalisme majoritaire devant le patronat, la banque et les assureurs. Ils se frottent déjà les mains en voyant s'ouvrir devant eux un marché aussi appétissant que celui des retraites privées.

Après avoir appelé, tard et sans grande illusion (sûrement pour contenter leurs bases stupéfaites) à la grève du 29 septembre, les exécutifs de ces deux appareils syndicaux jurèrent par Saint-Euro, qu'ils ne re-convoqueraient pas une autre grève générale. Et ça s'est passé comme ça : ils ont patienté pendant trois mois dans une farce négociatrice, à laquelle ne croyaient même pas les plus ingénus, et ils ont fini par annoncer un accord juste la veille de l'approbation de la réforme par le Gouvernement : et cela pour priver leur clientèle de l'espérance d'une improbable grève générale pour défendre le droit à un emploi stable et à des retraites dignes.

Face à cette trahison, le syndicalisme alternatif a répondu avec toutes sortes de campagnes informatives et de mobilisations sociales, car cela correspondait à une situation aussi inexplicable qu'insoutenable. Consciente de sa responsabilité et de ses forces, la CGT a appelé à une grève générale pour le 27 janvier qui a été rendue possible car d'autres grandes organisations appelaient également (en Galice, en Navarre et en Pays Basque), ou bien parce que la majorité du syndicalisme alternatif et des mouvements sociaux s'étaient unis (Catalogne).

Dans le reste du pays, la CGT ne s'est pas cachée de son engagement dans la lutte : un nombre infini d'assemblées générales, de meetings, d'occupations, de manifestations, de rassemblements, de tracts informatifs, communiqués de presse et aussi d'une grève de la faim de deux compagnons du Comité Confédéral ont représenté notre participation à la lutte contre les réformes. Et ça ne fait que commencer.

Les médias, quant à eux, ont passé sous silence toute critique au pacte qui se négociait, en ignorant les mobilisations prévues et la grève générale du 27 janvier.

* PV = Pays Valencien

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