Publié le dimanche 1er mars 2009
Après une deuxième nuit de déprédations et d'exactions, celle de mercredi à jeudi, on semble retrouver le calme en Martinique : la nuit de jeudi à vendredi n'a vu « que » quatre véhicules brûler et quelques poubelles enflammées.
La nuit précédente, par contre, les forces de l'ordre avait procédé à 67 interpellations (contre 22 la veille). Précisons que les vols qui ont eu lieu ne concernaient guère les produits alimentaires ou de première nécessité. Après la fracture des ouvertures de magasins, souvent des petites boutiques du centre ville, les voleurs se sont avant tout servis en motos (quads), bijoux, appareils photos, informatique (au magasin Guy Vieules).
Petite remarque en passant concernant la protection des forces de l'ordre à l'égard des commerces. Ceux du centre ville, plutôt modestes, n'ayant bénéficié d'aucune surveillance particulière, ont subi le plus les déprédations et les vols . Il n'en fut pas de même à Didier, quartier chic.
Des agressions et du rackett ont été commis sur des particuliers, mis en joue par des individus en armes.
Roland LAOUCHEZ, l'animateur de KMT, a été victime d'une agression ciblée, les vitres de son véhicule volant en éclats. Le journaliste Serge BILE, de RFO, pigiste sur BFM, gréviste, a été l'objet de plusieurs tirs, qui l'ont amené à ne plus se déplacer.
Concernant l'incendie du supermarché Casino du centre ville, certains mettent en cause les gardes mobiles, qui contrairement à ce qu'effirme Monsieur le Préfet, ont parfois perdu leur sang froid et tirés nombre de projectiles (gaz lacrymogènes). Un jeune qui avait lancé une bouteille de bière vide au milieu de la rue où il n'y avait personne, s'est vu gratifié d'un tir tendu. Et l'on sous entend que ces projectiles auraient très bien pu mettre le feu audit supermarché. En tous cas on ne voit pas l'intérêt des pilleurs à mettre le feu alors qu'ils sont occupés à dévaliser le magasin.
Les jeunes ont bon dos… A moins que la jeunesse dans les Antilles perdure plus qu'ailleurs. Les individus arrêtés sont la plupart majeurs, entre 20 et 30 ans. Beaucoup sont des repris de justice. Ils n'ont guère avoir avec le mouvement social et n'attendaient qu'une occasion pour voler ce qu'ils avaient ciblé depuis longtemps. Aucun jugement - sauf un - n'a été rendu lors des comparutions immédiates mais la plupart sont restés incarcérés. Celui qui a été rendu concernait un individu pris pratiquement en flagrant délit avec un stock d'appareils photos, et d'articles volés au magasin Guy Vieules. C'est un fonctionnaire, agent territorial.
La conséquence de ces émeutes aura été la cessation totale de la distribution de carburants ordonné par le Préfet. Car aux pompes, d'étranges individus font des va et vient pour remplir sans cesse leurs réservoirs et bidons. La Martinique est ainsi assise sur une bombe d'essence stockée n'importe comment par l'un ou l'autre. Cette situation provoque également, de fait, la cessation de la grève des ouvriers pétroliers, qui dès mardi, reprendront la distribution normale, sauf blocage évident de la partie patronale ou rupture des négociations.
L'état des négociations
Elles ont reprises avec une baisse des exigences du Collectif qui ne demande plus 354 euros d'augmentation pour les plus bas revenus, mais 250 euros. Celui-ci a rappelé la revendication d'un minimum social d'aide pour les 18-25 ans qui ne bénéficient pas du RMI. Des animateurs, sur KMT ont évoqué l'augmentation récente de la TVA en Martinique. En affectant le 1% de cette augmentation aux revendications du Collectif, on arriverait « à joindre les deux bouts » selon certains.
Actuellement un montage serait proposé et on arriverait à plus de 200 euros pour ces bas salaires.
En Guadeloupe un accord a été trouvé. Mais malgré l'accord de sept organisations patronales, le MEDEF refuse de le signer. Le Président SARKOZY aurait déclaré que les négociation avançaient en bonne voie en Guadeloupe. Cependant le MEDEF semble bien posséder des appuis dans les hautes sphères de l'Etat. Qui ? Il y a surtout la crainte, en cas de victoire du mouvement de grève, qu'un tel mouvement fasse tâche d'huile…en métropole.
La mobilisation
Celle des jeunes n'est pas toujours celle qu'on attendait. Ainsi des lycéens qui passent leur bac, malgré les aides et réseaux d'aide mis en place, sont inquiets et souhaite la fin du mouvement. Quelques éléments de la jeunesse, désoeuvrés, parfois sous l'emprise de drogue, n'attendent qu'une occasion pour voler ou détrousser le passant, et ne prennent part en aucun cas au le mouvement populaire de grève.
Cependant la mobilisation reste intacte, notamment chez les femmes, malgré toutes les difficultés. Des piquets de grève sont en place un peu partout et les volontaires se succèdent pour assurer jour et nuit la relève. J'en fait partie pour la nuit prochaine.
Marcel.
Sé poula viktiwa non kal . La lutte continue . La lucha sigue
Rien pour ce mois