Secrétariat international de la CNT

Maroc : Sidi Ifni en état de siège

Publié le dimanche 8 juin 2008

Agustin, camarade de la CGT espagnole en charge des relations avec le Maghreb au sein de notre organisation sœur outre-Pyrénées, nous a transmis cette information sur le cas grave de répression ces derniers jours dans la ville de Sidi Ifni au sud marocain.
Le Secrétariat International de la CNT assure tout son soutien aux victimes de la répression et fera tout son possible pour que l'etat de siège soit levé à Sidi Ifni et que soient libérés au plus vite les détenus.

Vive la solidarité internationale !!!

Un coup contre l'un d'entre nous est un coup contre nous tous et toutes !!!

Le S.I de la CNT


"Nous apprenons ce matin 7 juin 2008, que de nombreux militants d'Attac- Maroc
et d'autres organisations font face à une sauvage répression qui
s'est abattue sur les habitants de cette petite ville du Sud [1]du
Maroc. Nos contacts nous ont parlé de morts et la chaîne de télévision
Al Jazeera a annoncé que quatre personnes étaient décédées.
D'autres rumeurs font état d'un nombre plus important.

Depuis le 30 mai dernier, les habitants de Sidi Ifni manifestent jour et
nuit, exaspérés par le clientélisme qui prévaut au sein de la
municipalité lors de l'attribution des emplois publics, alors que le
chômage est endémique dans la région et que l'ouverture d'un
nouveau port qui fournirait de l'emploi, tarde à se concrétiser.

Aussi, c'est d'abord vers le port que se sont dirigés les
manifestants, qui y ont installé un campement afin de bloquer la sortie
des camions frigorifiques de transport de poisson. Jour après jour, les
manifestations se multiplient. Ainsi, une manifestation de plus de 200
femmes a fait la jonction avec les jeunes et ce sont plus de 4000
manifestants qui se sont rassemblés devant la municipalité jusqu'à
obtenir l'ouverture, le 2 juin, de négociations avec les autorités
locales et régionales. Une délégation a été constituée qui a
revendiqué tout à la fois des mesures immédiates permettant aux
familles de subvenir à leurs besoins, la finalisation de projets de
développement économique (port et zone industrielle) et le respect des
droits et de la dignité des travailleurs du port.

Les autorités ont d'abord criminalisé le mouvement, taxé
d'illégalité et de manipulation extérieure, mais se sont finalement
engagées à ouvrir une conserverie de poisson dans un délai de 45 jours
et d'ouvrir l'accès aux emplois de la Solidarité nationale dans un
délai de deux mois.

Mais les habitants, peu satisfaits des résultats des négociations et
déjà échaudés (depuis 2005) par de multiples promesses non tenues,
ont maintenu le blocus et la mobilisation

A quatre heures du matin, le 7 juin 2008, les forces de l'ordre ont
violemment dispersé le piquet devant le port et effectué des descentes
dans les maisons, opérant plusieurs dizaines d'arrestations, volant et
saccageant les maisons, tandis que des tirs étaient entendus dans les
rues.

Immédiatement, une manifestation s'est regroupée pour réclamer la
libération des détenus et la ville est maintenant quadrillée par les
forces de police qui continuent à rechercher les « meneurs », dont
certains de nos militants d'Attac, à opérer des arrestations et à
prendre en otage des membres de la famille des personnes en fuite.

Arrêtons immédiatement la répression sauvage qui s'abat contre les
habitants de Sidi Ifni

Exigeons la levée de l'état de siège

Exigeons la libération de l'ensemble des personnes détenues

Interpelons les autorités par téléphone, par fax :

- Gouverneur de la province Souss-Massa-Draa

Tel : 00 212 28 84 08 76

Fax : 00 212 28 84 04 14

- Préfet de Tiznit

Tel : 00 212 28 60 12 00

- Commissariat de Sidi Ifni

Tel : 00 212 28 87 50 18


[1] Sidi Ifni est une petite ville portuaire située à 200 km environ
d'Agadir. Longtemps sous domination espagnole, cette ville n'a été
rétrocédée au Maroc qu'en 1969 (rappelons que le Protectorat sur le
Maroc a pris officiellement fin en 1956). Depuis, cette ville fait partie
du Maroc marginalisé et les populations exaspérées multiplient depuis
plusieurs années les mobilisations afin d'avoir accès aux droits
constitutionnellement reconnus, aux services publics, à la mise sur pied
d'une véritable politique économique et sociale permettant la
résorption du chômage et le décollage économique de la région."

Agustin, Relations Internationales de la CGT-e

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