Secrétariat international de la CNT

Maroc : Gourrama ou le Maroc "oublié"

Publié le jeudi 23 octobre 2008

Gourrama est l'une des communes d'Errachidia à l'Est du Maroc. Elle est composée
d'un village et de ksours (douars) étalés sur un affluent de Oued Guir.

Les habitants
vivent de la petite culture (aucune exploitation ne dépasse un hectare !!) et du
petit élevage.


UNE RÉGION REBELLE ET DONC PUNIE

Les malheurs de Gourrama ont commencé après les événement des années 71-72-73 .

Dans sa politique de « redéploiement », le régime de Hassan II avait décidé de changer les noms de certaines régions qui lui rappelaient certains événements.
Kasr Essouk devient Errachidia. Pourquoi ce changement ? Kasr Essouk était un
bastion du mouvement armé ittihadi.
Le martyr Bennouna
(Mahmoud), l'une des grandes figures révolutionnaire ittihadie. Il y a été tué au cours
d'un accrochage qui avait eu lieu (mars 1973) entre les guérilleros et les forces du
régime. On changea le nom historique de cette région.

De même on changea Aharmamou (faisant partie de la province de Taza) , nom
historique de la région, par Ribat Al Kheir. Rappelons que le colonel Ababou,
directeur de l'école militaire d'Ahrmamou , et à la tête de ses élèves officiers a
tenté de renverser le régime Hassan II le 10 juillet 1971.

Pour Hassan II, il s'agissait aussi de « redécouper » le territoire national pour mieux encadrer la population.

Plusieurs provinces furent créées. Kasr Essouk , devenu Errachidia , fut amputée de
plusieurs parties : le cercle de Midelt et ses caïda furent rattachés à Khénifra
(autre fief de la guerrilla ittihadie étouffée dans l'œuf en 1973) qui devint
province (alors qu'elle faisait partie de la province de Meknès), Beni Tadjit,
Talsint…furent rattachés à Figuig (autre fief de la guerilla ittihadi étouffée dans
l'œuf en 1973) qui devint province.

EXCLUSION, OUBLI ET LE BAGNE DE TAZMAMART

La population de Gourrama est victime de marginalisation, d'exclusion et d'oubli.

Les routes Kerrindou- Gourrama (une quarantaine de Km), et Gourrama –Aït Mohand
(frontière avec Figuig, une quarantaine de km aussi) sont délabrées.

A l'entrée de Gourrama, se trouve l'affluent le plus important de Oued Guir, pour le
traverser il y a un « pont » qui datait de l'époque coloniale. Une fois l'oued en
crue, la circulation s'interrompt aussi bien pour les humains, que pour les
animaux et les machines.

Il a fallu les dernières intempéries dévastatrices pour étaler au grand jour les
crimes de l'administration.

La plupart des familles de Gourrama, comme
celles de tant d'autres régions des Atlas, et des régions présahariennes,
survivaient grâce aux petites sommes envoyées mensuellement par un proche militaire,
instituteur ou infirmier . Aujourd'hui l' Etat a coupé ce filet « d'eau » en supprimant nombre de postes de fonctionnaires.

Aujourd'hui
Gourrama n'a pas d'usines, n'a pas de commerce, n'a pas d'agriculture, n'a pas de
gisements miniers pour survivre. Elle est « pauvre » c'est pourquoi l'Etat ne lui
garantit aucun service social. Il y a le caïd, les mokhazni et les gendarmes. C'est
largement suffisant !

Gourrama se trouve à une cinquante km du sinistre bagne de Tazmamart, et
que l'un de ses fils, Moha Bouttou a y laissé sa vie comme nombre d'opposants au régime.

Gourrama est pauvre économiquement, oubliée administrativement, mais Gourrama est
riche humainement.

Ses enfants et avec les enfants des autres régions du Maroc,
sauront comment construire un nouveau Maroc, le Maroc des travailleurs, le Maroc de
l'égalité des chances.


Ali Fkir

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