Secrétariat international de la CNT

Madagascar : Bain de sang pour une rivalité de politiciens

Publié le jeudi 12 février 2009

Dans un pays considéré comme l'un des
plus pauvres du monde, les travailleurs et la population n'ont rien à gagner
dans l'affrontement entre deux caciques de la Grande Ile.

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Au contraire. Déjà
sévèrement touchée par le chômage, engluée dans une misère profonde, la
population malgache paye un lourd tribut : plus d'une centaine de mort
depuis le début du bras de fer le 26 janvier, entre le président élu, Marc
Ravalomanana (prononcer Ravalomanane) et Andry Rajoelina, le maire d'Antananarivo,
la capitale peuplée de plus d'1,5 millions d'habitants. Alors que le chef de
l'Etat, grand patron, a mis sous coupe réglé les médias, les syndicats, -le
précédent président, Didier Ratsiraka avait été battu par Ravalomanane pour
stopper cet état de fait !-, l'autre, lui-même homme d'affaires règne en
maître sur sa ville.

Après plusieurs semaines de tension entre
les deux hommes, le 7 février, la garde présidentielle tire sans sommation sur la
foule nombreuse des manifestants venus défiler devant le palais abritant le
bureau de la présidence, dans le centre-ville d'Antananarivo. Au moins quarante
morts, (plus de 200 blessés), pour la plupart des gamins déshérités selon des
témoignages (la plus jeune des disparus n'avait pas dix ans). Si certains
affirment que TGV, le surnom de Andry Rajoelina les ait envoyés au casse-pipe,
d'autres estiment qu'il ne
s'attendait peut-être pas à cette réaction, trop sur de son coup.

Dans un climat électrique, les forces de
l'ordre n'ont en tout cas fait aucun détail pour mater la révolte des partisans
de TGV, le surnom du maire destitué de la capitale. TGV, qui a constitué une haute
autorité de
transition, a appelé à la destitution du président. Et la tension
pourrait monter davantage.

Apparemment soutenu par
des proches de l'ancien président, TGV, 34 ans, défie depuis la mi-décembre
Ravalomanana.

Cet
opportuniste bourgeois, tente de surfer sur le mécontentement grandissant des
classes populaires à l'égard du président, sans pour autant énoncer clairement
son programme.

Il est vrai que Ravalomanana a largement
déçu les Malgaches, tant son règne est caractérisé par une politique
ultralibérale qui ne profite qu'aux riches, les dépenses somptuaires du
chef de l'Etat, à l'image de son Boeing à 60 millions de dollars qu'il appelle
Force One, alors que les Malgaches croulent sous les difficultés, sans oublier
la corruption et la mainmise d'un homme et de sa clique sur le pays.

On murmure
d'ailleurs qu'une partie des milieux d'affaires serait ralliée à TGV parce que
la monopolisation des activités économiques entre les mains du président désert
leurs intérêts.Grande inconnue, la réaction de l'ensemble de la
population, notamment des provinces qui ne goutent guère historiquement les
agissements musclés des dirigeants des hauts-plateaux (Antananarivo est située
à plus de 1400m d'altitude). Or, les images diffusées par les quelques médias
indépendants ont beaucoup choqué dans le pays. Et la récente annonce d'une
location gratuite pour 99 ans d'1,4 millions d'hectares de terres au groupe sud-coréen
Daewoo (cf. CS de février), soit presque la moitié des terres arables du
pays, au mépris des paysans malgaches, n'a pas fait remonter la cote du
président.
Alors que les autres puissances capitalistes et la communauté internationale
ont tardé avant de s'interposer entre les deux hommes, il conviendrait aux travailleurs
d'envoyer aux oubliettes à toute vitesse l'opportuniste TGV, le président
et de prendre en main la gestion de leur île. Du côté des syndicats (FISEMA et
FISEMARE) qui ne sont toujours pas autorisés à manifester, on appelle au
dialogue et à l'arrêt du conflit, sans prendre partie entre les deux protagonistes.

David et Mathieu, SI de la CNT

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