Secrétariat international de la CNT

Liberté et justice pour Atenco (Mexique)

Publié le mardi 3 mars 2009

Beaucoup d'entre vous se souviennent sans doute de la lutte victorieuse
des paysans de San Salvador Atenco contre un projet d'implantation
d'aéroport en 2001 et, en représailles, de la répression sauvage qui,
plusieurs années après a frappé les habitants de cette petite ville du
bassin de Mexico. L'opération de police coordonnée et déclenchée les 3 et
4 mai 2006 par les autorités conjointes de la municipalité, du
gouvernement de l'État de Mexico et de l'État fédéral, s'est soldée par la
mort de deux jeunes garçons, par de nombreux blessés, par le viol de plus
de trente femmes lors de leur transfert en détention et par plus de 200
arrestations accompagnés d'actes de torture.

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Saisie, la Cour Suprême de la Nation mexicaine, qui avait reconnu que de
graves atteintes aux droits humains avaient été commises, vient pourtant
de statuer sur l'absence de responsabilité des autorités commanditaires de
cette opération. Seuls quelques fonctionnaires de bas niveau ont subi des
sanctions administratives pour « actes libidineux ».

Par contre, plusieurs dizaines de personnes détenues les 3 et 4 mai 2006
ont passé des mois, pour certains plus de 2 ans en prison et 13 d'entre
elles y sont toujours, condamnés à de lourdes peines (de 31, 67 et 112 ans
de prison). Tous ont été accusés de délits fabriqués et la plupart d'entre
eux ont été arrêtés sur des lieux éloignés de l'endroit ou étaient censés
se dérouler les faits qui leur sont reprochés.

Pour initier cette campagne en France, nous souhaitons organiser une
réunion publique le 18 mars prochain au CICP (21 ter, rue Voltaire 75011
Paris, métro Rue-des-Boulets et Nation). Le choix de la date coïncide avec
la clôture du salon du livre, ou le Mexique sera cette année à l'honneur.
C'est là une occasion d'interpeller l'opinion sur la situation d'impunité
qui prévaut au Mexique, de dénoncer la criminalisation des mouvements
sociaux et d'exiger la liberté pour tous les prisonniers politiques au
Mexique et pour ceux d'Atenco en particulier.

Afin de donner une ample répercussion à cette campagne, nous vous invitons
à vous y joindre activement :

- nous vous invitons à signer et faire signer cet appel ici en France.

- l'idée de cette rencontre du 18 est que l'ensemble des présents puisse
faire savoir aux prisonniers que, quoique isolés par la force de la
répression, ils ne sont pas seuls et que ce soit l'occasion de témoigner
de notre solidarité avec les luttes qu'ils incarnent : contre la
répression, contre l'impunité, pour la justice, pour la défense de la terre.

Le gouvernement veut faire taire les paysans d'Atenco en les jetant aux
oubliettes, unissons nos voix pour clamer haut et fort que nous ne les
oublions pas...

Vous trouverez ci-dessus, le lien (en espagnol) avec le site de la
campagne nationale et internationale « liberté et justice pour Atenco » et
ci-dessous l'appel traduit en français ainsi que le nom des personnalités
mexicaines signataires. Certaines d'entre elles seront d'ailleurs
présentes au Salon du livre (et nous tenterons d'obtenir qu'ils puissent
également nous accompagner le 18).

L'initiative du 18 est destinée à donner un coup d'envoi à cette campagne,
elle se veut le point de départ d'autres initiatives... individuelles ou
collectives, nationales ou locales, dans l'immédiat ou dans la durée...

Pour Atenco : Liberté et justice !


Envoyez vos signatures à cspcl altern.org

TEXTE DE L'APPEL :

Campagne nationale et internationale

LIBERTÉ ET JUSTICE POUR ATENCO

Nous, personnes et organisations, presque trois ans après les terribles
événements répressifs de San Salvador Atenco, voulons exprimer ce qui
suit.

1. Le mouvement pour la défense de la terre qui a surgi en 2001, face
à l'initiative gouvernementale d'exproprier la terre afin de
construire un nouvel aéroport pour la ville de Mexico, est un
mouvement social dont les causes et les revendications sont justes,
légitimes, et possibles à satisfaire. La violence n'aurait jamais dû être
la réponse de l'État face à ce mouvement de paysans et
d'habitants. Le Front communal pour la défense de la terre (FPDT)
représente ce mouvement. L'État a commis une erreur en polarisant le
conflit à l'époque, et en optant pour une issue autoritaire face à ce
problème social.

2. Les innombrables violations des droits humains lors de l'opération
lancée par les gouvernements fédéral, de l'État et municipal en mai 2006
sont un fait déplorable qui a été démontré sur le plan national et
international par des organismes reconnus de défense des droits humains.
Diverses instances de l'État et même des fonctionnaires
fédéraux ont reconnu la gravité des violations et des exactions
commises à San Salvador Atenco. Il n'existe aucun doute sur le fait que
ces violations ont été commises. Hélas, dans sa délibération de la semaine
dernière, la Cour suprême de justice a évité de se
prononcer sur les responsabilités des dirigeants policiers et
politiques qui ont participé à ces faits.

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Par la manière, la répétition et le modèle des arrestations, de la
brutalité policière, des abus sexuels contre les femmes arrêtées, la
torture et les irrégularités de procédure, nous considérons qu'il y a
indubitablement des responsables politiques clairement
identifiables, soit par leurs actions, soit par leurs omissions,
soit par leur place dans la chaîne de commandement. C'est l'État
mexicain et les hauts fonctionnaires qui ont eu la charge des
opérations qui sont responsables des violations des droits humains
commises à San Salvador Atenco. Ces opérations ont eu deux buts
politiques : traiter comme des criminels celles et ceux qui
constituent un mouvement social légitime, et essayer de désarticuler et
décapiter la structure organisationnelle de ce mouvement. L'État a commis
une erreur en ne parvenant pas à régler un petit conflit ne concernant que
huit vendeurs de fleurs et en polarisant ce conflit. Les 3 et 4 mai 2006,
l'État a lancé une opération planifiée,
délibérée et calculée pour instaurer la peur et infliger un
châtiment exemplaire, à travers la violence autoritaire, au
mouvement social du Front communal pour la défense de la terre et
aux organisations solidaires qui l'accompagnaient. Le chapitre de
l'obtention de la justice par les victimes est incomplet. Pour
l'instant, la justice est en suspens.

3. À cause de ces déplorables événements, treize personnes sont
toujours en prison, avec des peines allant de 31 ans à 67 ans et
même 112 ans, dans un pénitencier de haute sécurité. Tous ont été
condamnés à de terribles et injustes sentences pour des délits
qu'ils n'ont pas commis. Le système de justice a été employé contre eux de
manière factieuse. Ils ne sont pas des délinquants, certains sont les
dirigeants les plus visibles du mouvement pour la défense de la terre et
d'autres de simples et humbles habitants,
quelques-uns même n'avaient jamais participé à aucun mouvement
social. La façon dont ils ont été arrêtés, les abus et les
violations des droits humains auxquels ils ont été soumis, les
irrégularités dans leurs procès et leurs condamnations montrent
encore une fois qu'ils sont prisonniers sans véritable fondement
juridique et légal.

Ces treize personnes sont des prisonniers politiques. Et la justice
ne peut suivre son chemin tant que les violations aux droits humains
continuent. Ces violations continuent tant qu'ils restent
emprisonnés. Il devient urgent sur les plans national et
international d'exiger la LIBERTÉ des treize prisonniers, et c'est pour
cela que nous nous sommes réunis nombreux, acteurs et actrices, musiciens,
journalistes, écrivains, peintres, académiciens,
religieux, défenseurs des droits humains, organismes civils,
solidaires, familles des prisonniers, avocats de la défense et le
Front communal pour la défense de la terre lui-même, pour réaliser ce qui
suit.

APPEL À LA SOCIÉTÉ CIVILE NATIONALE ET INTERNATIONALE

Nous appelons la société civile nationale et internationale, les femmes et
les hommes, de tous les âges, de toutes les entités du pays, de tous les
continents du monde, de la ville ou de la campagne, de toutes les
professions, arts et métiers, de toutes les orientations et préférences
sexuelles, toutes les personnes, familles, collectifs, organisations,
réseaux et mouvements indigènes, syndicaux, paysans, urbains populaires,
de femmes, écologistes, des droits humains, étudiants et religieux qui
luttent pour la liberté et la justice à participer à la campagne nationale
et internationale LIBERTÉ ET JUSTICE POUR ATENCO. Celle-ci commence ce 17
février et sa première phase se terminera les 3, 4, et 5 mai de cette
année, avec l'intention de rassembler les voix qui demandent :

- La LIBERTÉ des treize prisonniers politiques.
- L'annulation des sentences de condamnation.
- L'annulation des mandats d'arrêt contre les gens poursuivis.
- Le respect absolu des droits humains des gens arrêtés et poursuivis. -
La condamnation et l'arrêt de la criminalisation des mouvements sociaux au
Mexique.

Cette campagne est une initiative civile et pacifique qui cherche à
promouvoir la participation nationale et internationale de personnes, de
familles, de groupes, de collectifs, d'organisations, de réseaux et de
mouvements autour de la demande de liberté pour les treize prisonniers
politiques d'Atenco. C'est une initiative de la société civile mexicaine,
lancée par une dizaine d'organismes de défense des droits humains, civils,
solidaires, d'avocats de la défense, de familles des 13 prisonniers et
poursuivis politiques, tous convoqués par le Front communal pour la
défense de la terre.

La campagne intégrera diverses actions au niveau national et international :

- Une campagne de messages aux treize prisonniers politiques d'Atenco en
provenance de tout le pays et du monde entier pour que les citoyens et
citoyennes puissent exprimer par écrit leur soutien à chacun des
prisonniers.

- Une campagne nationale d'information où nous distribuerons des milliers
de tracts et d'affiches informant la population sur la situation des
treize prisonniers. La campagne nationale comprendra des productions
radiophoniques et vidéo pour distribuer du matériel par divers médias.

- Une campagne d'information dans les médias commerciaux et alternatifs,
où quelques-unes des personnalités qui ont rejoint la campagne ainsi que
les organisations qui y participent demanderont des espaces aux médias de
masse pour expliquer la situation des 13 prisonniers politiques et inviter
les citoyens à participer à cette campagne.

- Toutes les organisations, réseaux, collectifs, familles et personnes
pourront prendre l'initiative d'actions civiles et pacifiques de diffusion
et de protestation exigeant la LIBERTÉ pour les treize prisonniers
politiques d'Atenco. Un exemple : les étudiants et professeurs
d'université ont déjà organisé ce mercredi 18 à 13 heures à la faculté de
droit de l'Université nationale autonome du Mexique un forum juridique qui
analysera l'affaire d'Atenco ; le jeudi 19 également à l'UNAM aura lieu un
forum d'analyse sur le mouvement social représenté dans le Front communal
pour la défense de la terre. C'est pourquoi, dans cette campagne, il y
aura de multiples forums, actions culturelles, prières, collectes et
réunions d'information, des lettres, des argumentaires et des manifestes.

- Nous ouvrirons des centres de collecte de matériel pour soutenir le
plantón (campement) que maintiennent depuis bientôt trois ans diverses
organisations devant le pénitencier de Molino de Flores. Les gens pourront
donner des vivres et autre matériel pour soutenir cette initiative.

- Plusieurs des personnalités membres de cette campagne réaliseront
personnellement des visites aux pénitenciers de l'Altiplano et de Molino
de Flores, pour rencontrer directement les prisonniers politiques.

- Nous irons trouver diverses instances, en particulier celles qui
défendent les droits humains, pour leur exposer notre opinion sur la
libération des prisonniers.

- Nous suivrons et soutiendrons la défense légale des treize prisonniers.

- Nous renforcerons le processus d'investigation des violations des droits
humains. En son temps, nous évaluerons la pertinence de s'adresser à des
instances internationales.

- Nous appelons la société civile nationale et internationale à participer
aux journées du troisième anniversaire des événements d'Atenco. Nous les
invitons à réaliser des actions de protestation civile et pacifique dans
leurs localités, leurs quartiers et leurs communautés, dans leurs écoles
et lieux de travail, et les 3, 4 et 5 mai à réaliser des mobilisations
pour la liberté des treize prisonniers politiques d'Atenco.

Il y aura information publique sur la forme et les dates de toutes ces
activités.

Notre page web http://atencolibertadyjusticia.com recevra les inscriptions
de toutes celles et tous ceux qui désirent réaliser une action pour la
liberté et la justice. À travers elle, on pourra envoyer à chaque
prisonnier un message par écrit. On pourra également y inscrire les
actions que, dans tout le pays et dans d'autres nations, la société civile
décidera de mener.

Enfin, cette initiative ne dispose d'aucune ressource ni financement. Les
activités se dérouleront avec les ressources que toutes et tous nous
donnerons pour les frais qu'impliquent plusieurs de ces activités. Nous
avons ouvert un numéro de compte qui recevra des dons uniquement et
exclusivement pour ces activités. Il ne faut pas confondre ce compte avec
aucun autre type de soutien, il ne sert qu'à réaliser les activités qui
font partie de la campagne. On pourra donner 50 pesos dans n'importe
quelle succursale de BANORTE sur le compte 0608878038 au nom de María
Antonia Trinidad Ramírez Velázquez pour soutenir - exclusivement - les
frais de la campagne nationale et internationale LIBERTÉ ET JUSTICE POUR
ATENCO.

Bien à vous.


Comité Liberté et justice pour Atenco.

Envoyez vos signatures à cspcl altern.org

Signataires au lancement de la campagne au Mexique :

Samuel Ruiz García, évêque émérite du diocèse de San Cristóbal de las
Casas, Ofelia Medina, actrice,
Manu Chao, musicien,
Julieta Egurrola, actrice,
Carlos Montemayor, écrivain,
Ana Francis Mor, actrice,
Raúl Vera, évêque du diocèse de Saltillo, Coahuila,
Francisco Toledo, peintre,
Diego Luna, acteur,
Roco, chanteur du groupe de rock Maldita Vecindad y los Hijos del Quinto
Patio,
Adolfo Gilly, professeur d'université,
Luis Villoro, philosophe,
Bruno Bichir, acteur,
Paco Ignacio Taibo II, écrivain, journaliste,
Daniel Giménez Cacho, acteur,
Miguel Angel Granados Chapa, journaliste,
Demián Bichir, acteur,
Fray Miguel Concha Malo, frère dominicain, directeur du Centre de droits
humains Fray Francisco de Vitoria,
Luis Hernández Navarro, journaliste,
Rubén Albarrán, chanteur du groupe de rock Café Tacuba,
Jorge Zarate, acteur,
Los de Abajo, groupe de ska et rock.

Organisations participant :

Centre de droits humains Miguel Agustín Pro Juárez,
Centre national de communication sociale (CENCOS),
Comité Cerezo,
Comité Monseigneur Romero,
Colectif d'avocats zapatistes (CAZ),
Groupe pour le dialogue parlementaire et l'équité,
Front communal en défense de la terre (FPDT),
La Voladora Radio,
Femmes sans peur,
Services légaux et études juridiques,
Services et assesseurs pour la paix (SERAPAZ).

http://www.atencolibertadyjusticia.com/

Traduit par el Viejo.

http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=634

— 

Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris)
33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl altern.org

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