Lettres d’informations et de solidarité avec le mouvement syndical et social du continent américain. Numéro 3. Eté 2017.
Publié le dimanche 18 juin 2017
En octobre 2016, lors du cinquième congrès du Congrès National Indigène (CNI) marquant le vingtième anniversaire de celui-ci, les zapatistes annoncent une nouvelle initiative. Une consultation de l’ensemble des communautés indiennes du Mexique qui, si elle est approuvée, aboutira à la présentation de la candidature d’une femme indigène aux élections présidentielles de 2018 et la formation d’un Conseil de Bon Gouvernement. Lors de la deuxième partie de ce cinquième congrès, fin décembre, il est annoncé que cette initiative a été approuvée. Et le 28 mai, au Cideci-Université de la terre à San Cristobal de las Casas au Chiapas, ont été présentés les 71 membres du Conseil Indigène de Gouvernement ainsi que la femme indigène Nahuatl de l’Etat de Jalisco qui sera le visage de la candidature indigène.
Impliqué depuis fin 2015 dans la solidarité avec les communautés zapatistes, ayant participé avec d’autres à la création du Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte, il nous semble important de faire connaître cette initiative et de tenter de la replacer dans son contexte.
Nous ne cacherons pas qu’en tant qu’anarchosyndicalistes, syndicalistes révolutionnaires, autogestionnaires, libertaires nous fûmes surpris, voire sceptiques dans un premier temps. D’une part, nous n’accordons évidemment aucun crédit aux mascarades électorales censées justifier l’appellation « démocratie » de nos sociétés. D’autre part, et justement pour cela, nous avions été séduits par un des principes de bases de la Sexta zapatiste : changer le monde depuis en bas à gauche en dehors des partis politiques sans chercher à prendre le pouvoir (et donc avec une totale indifférence pour ce qui participe du jeu électoral).
Il nous semble que pour comprendre cette nouvelle initiative, il faut se placer du point de vue de ce qu’il se passe au Mexique et non depuis notre réalité ici.
Il s’agit tout d’abord, après des années de communiqués publiés par le CNI dénonçant des spoliations, des assassinats, des arrestations, de renverser la tendance. Ne plus subir, ne plus être sur la défensive mais de nouveau proposer quelque chose, reprendre l’initiative. Reprendre l’initiative pour faire quoi ? Certainement pas pour prendre le pouvoir, ce que personne n’envisage, mais pour créer, construire ensemble un projet permettant de s’opposer au monde marchand capitaliste. Les communautés indiennes s’estiment à juste titre victimes depuis plus de 500 ans du vol de leurs richesses, de la destruction de leur environnement, de tentatives pour les acculturer et les dissoudre dans le modèle dominant. Rabaissés, humiliés, méprisés, ils prennent le contre-pied en prétendant qu’un indien, qui plus est une femme, peut- être le visage de ce Conseil de Bon Gouvernement à même de gouverner le Mexique depuis en bas à gauche.
C’est aussi une tentative de plus de faire la jonction avec tous les secteurs de la société, étudiants, ouvriers, migrants etc...et de construire, d’organiser un réseau de résistances, de luttes, de propositions pour imaginer une autre manière de gérer le Monde et nous-mêmes. Comme les zapatistes l’ont répété tout au long de leurs communiqués depuis de nombreuses années, l’ennemi est clairement désigné : le système capitaliste et tous ses valets, hommes politiques, dirigeants d’entreprise et leurs chiens de garde, policiers et militaires. La proposition est d’unir tous ceux qui souffrent de ce système au Mexique et même au-delà, de se solidariser avec tous ceux qui veulent construire un autre monde dans le respect de la diversité de chacun.
Nous vous présentons ici quelques extraits des communiqués présentant cette initiative. Pour de plus amples informations vous pouvez consulter le site du CSPCL : www.cspcl.ouvaton.org
Le groupe de travail Amériques du Secrétariat International
La suite des articles est consultable dans le pdf ci-dessous :
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