Publié le mercredi 9 septembre 2009
Les agressions (et autres harcèlements) à l'encontre des opposants et défenseurs des droits humains ne se sont pas « simplement » poursuivies, mais gravement accentuées durant ces derniers mois.
Une des plus récentes est celle du 27 août 2009 qui a visé l'avocat Khaled KRICHI (membre du bureau exécutif de l'Association des Jeunes Avocats) pour s'être opposé au soutien exprimé par la majorité des membres du Bureau de l'AJA, à dominante RCD, à la candidature de Ben Ali pour sa propre succession lors de la prochaine élection présidentielle d'octobre 2009. Le jour-même c'est la voiture de Me Krichi qui est saccagée devant son domicile à Hammam Chott !
Les agressions, les harcèlements, l'intimidation et le dénigrement (notamment dans la presse de caniveau, officielle et semi-officielle) sont devenus, à dire vrai, « le pain quotidien » des défenseurs des droits humains en Tunisie. Les noms de Sihem Ben Sedrine, Radia Nasraoui, Abderraouf Ayadi, Ayachi Hammami, Samir Dilou, Abdelwahab Maatar, Mohamed Nouri, Mohamed Abbou (tous des avocats), et bien d'autres encore, « peuplent » en permanence les communiqués — presque quotidiens— de dénonciation des organisations (tunisiennes et internationales) de défense des droits humains. Ce qui s'est passé aux aéroport de Tunis et de Sfax le 24 juin 2009 à l'occasion du retour en Tunisie des activistes ci-dessus nommés, au lendemain de leur participation au Congrès constitutif de l'« Organisation Internationales des Exilés Tunisiens » qui s'est tenu à Genève, en dit long sur les méthodes de voyous usités par les autorités tunisiennes afin de contraindre au silence toutes les voix libres du pays, pour que ne soient « entendues » que celles du RCD et ceux qui gravitent dans son sillage…
Les militants et (même) les dirigeants des partis de l'opposition légale n'échappent pas à cette folle répression aussi systématique que généralisée. Pour prendre la mesure de ce véritable « terrorisme d'Etat » instauré par la dictature à la veille des élections, il n'est que de voir l'attaque à la pierre (« caillassage ») dont a été victime la délégation du PDP (conduite par la Secrétaire Générale Maya Jribi) lors de son déplacement à Sidi Bouzid (dans le Sud Tunisien) ; la dénonciation qui s'en est suivie à la Une du journal El Mawqif, et la censure par les autorités du numéro en question dans lequel Mme Jribi a nommément désigné le Ministre de l'intérieur en tant que responsable de l'odieuse agression.
Rappelons également que le local de l'association « Justice & Equité » fait l'objet d'un véritable siège (depuis le 28/08/09), avec son cortège de harcèlements incessants et d'intimidations visant ses dirigeants (particulièrement son Président Me Med NOURI), tendant à entraver leur formidable travail de recensement et de dénonciation quasi exhaustive des atteintes répétées et innombrables aux droits civils et politiques en Tunisie. Dans le même contexte (d'encerclement et d'isolement), Mr Khemaïs Chammari est quasi-totalement coupé du monde extérieur, puisque des policiers en civil campant en permanence devant son domicile, en interdisent l'accès à ses visiteurs…
Le CRLDHT s'insurge contre ces violences inqualifiables dont se trouvent êtres la cible privilégiée les défenseurs des droits humains et les opposants démocrates en Tunisie ;
Tout en exprimant sa solidarité indéfectible à l'égard des victimes (dont la liste ne cesse, hélas, de s'allonger !) de cet autoritarisme d'un autre âge, rappelle aux autorités tunisiennes leurs engagements constitutionnels et internationaux se rapportant à la libre-circulation, la liberté de réunion, d'expression et d'opinion, au respect de l'intégrité physique de tous les citoyens tunisiens, etc.
Dénonce, une fois de plus, ce vrai climat de terreur aveugle que fait régner le régime dictatorial à quelques semaines seulement des élections présidentielle et législative ;
Rappelle que lesdites élections demeureront (comme leurs précédentes), quoiqu'en dise la presse aux ordres, dépourvues de la moindre signification aux yeux des tunisiens, tant que l'amnistie générale n'est pas proclamée, que les libertés publiques —toutes les libertés publiques— concrètement protégées contre l'arbitraire, les règles du jeu électoral démocratisées, les espaces publics ouverts à tous… et « l'alternance démocratique » assurées par des mécanismes constitutionnels crédibles, rampant définitivement avec le non-droit et l'inconstitutionnalité, la présidence-à-vie et le parti-unique-de-fait…
Pour le CRLDHT (Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie)
Kamel JENDOUBI
Rien pour ce mois