Publié le mercredi 2 avril 2014
Le 4 février 2014, des étudiants de l’Université nationale expérimentale de l’État de Tachira, située en province, ont protesté l’abus sexuel subi par une étudiante. La manifestation a été réprimée et plusieurs étudiants détenus. Le lendemain, d’autres universités du pays ont manifesté à leur tour, exigeant la libération de ces détenus, à leur tour réprimés et incarcérés.
La vague d’indignation avait comme toile de fond la crise économique, la pénurie et la crise de services publics, outre le début de l’application d’un ensemble de mesures économiques de la part du président Nicolas Maduro. (...)
Le 12 février 2014, des mobilisations ont eu lieu dans 18 villes pour la mise en liberté des détenus et exprimer leur désapprobation à l'égard du gouvernement. Dans certaines villes de l’intérieur, particulièrement frappées par la pénurie de denrées courantes comme l’eau et l’électricité, les manifestations ont été massives. A Caracas, trois personnes ont été tuées et le gouvernement a accusé les manifestants. Heureusement, le journal Ultimas Noticias a révélé que les assassins étaient membres de la police, bien que le gouvernement vénézuélien contrôle toutes les stations de télévision, et a menacé de sanctionner les stations radio et les journaux dans le cas où ils diffuseraient des informations concernant les manifestations. (...)
De ce fait, les réseaux sociaux et notamment Twitter sont devenus les espaces privilégiés pour la diffusion d’information, permettant d’enregistrer et photographier largement les agressions des forces répressives. Des organismes de droits humains rapportent que plus de 400 personnes ont été détenues à travers le pays, subissant parfois des tortures, et 8 personnes avaient déjà été tuées le 22 février.
Par ses discours, Maduro a réussi à mobiliser uniquement les fonctionnaires dans les exceptionnelles manifestations de rue qu’il a encouragée. Malgré la situation provoquée par la grave crise économique, le président continue à prendre de mesures d’ajustement économique, la plus récente étant l’augmentation de l’Unidad tributaria (UT, unité d’imposition, ndrl). Il prétexte pourtant qu’il fait face à un « coup d’État », une réédition des événements du 2002 au Venezuela. Cette version a réussi à neutraliser la gauche internationale, qui n’a même pas exprimé sa préoccupation pour les abus commis dans les manifestations ni pour les morts.
Les protestations ont actuellement lieu en nombreux endroits du pays (...). Dans le cas de Caracas, les manifestations sont surtout constituées de la classe moyenne et les universitaires, ayant essentiellement des slogans politiques : liberté pour les détenus et départ du président. A l’intérieur du pays, en revanche, ce sont les secteurs populaires qui s’incorporent à la protestation avec des revendications sociales, telles que la critique de l’inflation, de la pénurie et de la défaillance des services publics de base. (...)
Informations alternatives sur le Venezuela conseillées, sur le site de El Libertario (en français)
d’après un article de Rafael Uzcategui, El libertario
L’auteur de ce texte est un militant anarchiste de PROVEA, ONG pour les Droits de l’homme.
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