Publié le dimanche 30 septembre 2018
Créée en 1946, la Confédération nationale du travail (CNT) vous adresse ces quelques mots, par mon entremise, avec humilité et respect. Issue du courant anarcho-syndicaliste et syndicaliste révolutionnaire (celui de la première CGT, celle d’avant la première guerre mondiale), la CNT n’est pas là par hasard. En tant que « descendants » « du courant de Louise Michel, qui en son temps, avait pris et fait et cause pour les Kanak, dans la révolte de 1878, et s’était insurgée contre le traitement qui leur était réservé, nous sommes en effet dans les luttes anticoloniales, et l’internationalisme fait partie de notre ADN.
Anticolonialistes, nous sommes de farouches défenseurs de l’autodétermination des peuples, à condition que celle-ci se passe dans des conditions correctes et non faussées, ce qui ne semble pas être le cas, chez vous, à propos du référendum du 4 novembre. C’est pourquoi nous soutenons votre position.
Avec nos modestes moyens, car nous ne sommes que quelques milliers, nous avons pris très vite la mesure de ce que représentait la création de l’USTKE.
Plusieurs de nos militants ont vite épousé la cause et ont participé aux manifestations de protestation en France, qui suivirent l’assassinat d’Eloi Machoro, le 12 janvier 1985, par les troupes du GIGN. A plus d’un titre, en effet, nous nous sentions solidaires de cette figure du mouvement indépendantiste, qui brisa une urne, pour appeler au boycott du scrutin. Un geste dont la portée résonne encore aujourd’hui….
Par la suite, plus d’une banderole a été confectionné dans nos locaux, et nous n’avons jamais mesuré nos efforts pour dénoncer la répression, soutenir la lutte des indépendantistes, et donc bien sûr de l’USTKE. Plusieurs de nos syndicats, notamment ceux du bâtiment ou des postes ont fait des textes spécifiques, en plus du secrétariat international de la CNT.
Plus tard, dans les années 2000, alors que l’organisation faisait face à plusieurs conflits, nous avons organisé plusieurs meetings pour dénoncer la répression vécue par les militants de l’USTKE, notamment à CARSUD, ou encore Aircal. Une situation dont nous nous sentions d’autant plus proches, en raison de la méthode de syndicalisme d’action directe.
C’est au nom de cela et de nos principes internationalistes, que nous avons décidé de nous rendre au XVe congrès de l’USTKE à Lifou en 2015.
Récemment, le 34e congrès confédéral de la CNT (2016) a voté à l’unanimité ou presque la motion du syndicat de l’éducation de Seine-Saint-Denis qui appelait à soutenir et encourager les luttes des Kanaks, et de l’USTKE, dans une perspective d’autodétermination. Nous avons ainsi dans ce cadre proposé la réalisation d’une brochure sur l’histoire de l’USTKE que nous aurions coécrite ensemble.
Cette année, comme souvent, nous avons organisé des meetings notamment le 21 mars, lors de la semaine anticoloniale, qui évoquait la situation du Sahara Occidental et de Kanaky. Une exposition photo avec des panneaux a été réalisée à cette occasion.
Nous prenons acte de votre décision que nous estimons juste d’appel à ne pas participer à ce scrutin du 4 novembre, car les dés sont pipés. Dès le 5 novembre, la vie continuera, et nous l’espérons, vos luttes également. Car sans lutte sociale, syndicale, rien ne peut se faire. Vous pouvez compter sur la CNT pour vous aider dans vos combats, pour arracher toujours plus de droits, pour obtenir davantage de rééquilibrage, d’emploi local, plus d’accession de Kanak à des postes à responsabilité.
Comme un symbole, l’USTKE peut se sentir chez elle, à la CNT. Au sens propre comme au figuré, puisqu’à l’entrée de notre grande salle parisienne, se trouve un drapeau de votre organisation.
Vive la solidarité internationale, vive l’USTKE, vive la Kanaky !
David Duslam pour la CNT
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