Publié le mardi 12 mai 2009
La Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNT-G) est l'un partenaire de notre
organisation. Le point avec plusieurs membres du bureau confédéral sur la situation
en Guinée.
Quel est l'impact de la crise économique mondiale actuelle du capitalisme sur la
Guinée ?
Les effets de la crise économique mondiale se sont fait sentir à travers des
flambées des prix des produits pétrolier, des denrées alimentaires, la récession
dans les entreprises nationales et particulièrement dans les secteurs miniers,
créant ainsi, l'effondrement du pouvoir d'achat des travailleurs des secteurs
public, privé, mixte et informel. Comme l'a déclaré le Conseil national des
organisations de la société civile, « la crise financière dans laquelle nous nous
trouvons a montré l'échec du libéralisme économique mondial. Dans ces conditions,
notre système économique est à revoir et devra être davantage accès sur la
participation et la solidarité.
Quelle est votre analyse du changement de régime en Guinée ?
Pouvez-vous nous
l'expliquer en quelques mots et dates clés ?
Juste après la prise du pouvoir par l'armée, en date du 23 décembre 2008, à la suite
du décès du chef de l'État, le général Lansana CONTE, qui a dirigé le pays pendant
presque un quart de siècle, l'inter centrale (CNTG, USTG) a aussitôt convoqué une
réunion extraordinaire a l'issue de laquelle elle a pris acte, de ce changement à
travers une déclaration officielle en date du 25 Décembre 2008. La première
déclaration prononcée par le porte-parole de la Junte militaire, à savoir l'actuel
président de la république autoproclamé, le Capitaine Moussa Dadis CAMARA,
s'inscrivait dans la logique de la plate-forme revendicative de l'intercentrale
CNTG, USTG élargie à L'ONSLG et à L'UDTG, notamment la lutte contre la corruption,
la révision des contrats miniers, l'augmentation du pouvoir d'achat des travailleurs
et la fin de l'impunité.
Quelle est la situation sociale depuis ?
En s'emparant des reines du pouvoir depuis deux mois, les nouvelles autorités
militaires ont réussi a baisser d'un coté, le prix du carburant, des denrées
alimentaires, la criminalité qui était monnaie courante, et a lancé une lutte
farouche contre les narcotrafiquants de la drogue, les bandits de grand chemin. De
l'autre côté, nous constatons sur le plan social, quelques abus de la part d'un
certain nombre de militaires incontrôlés violant les droits humains et les libertés
individuelles et collective.
3. Les libertés syndicales ont été supprimées dès la prise de pouvoir du 23
décembre.
Comment l'intercentrale a-elle réagi ?
A l'annonce de la suspension des activités syndicales, l'intercentrale n'a pas tardé
à dénoncer la violation des conventions internationales ratifiées par la Guinée
depuis 1959, dont, entre autres, les conventions 87, 98 et 114 de l'OIT
(organisation internationale du travail). Nous avons mis la pression sur les
nouvelles autorités militaires, en continuant de tenir, malgré cette interdiction,
des réunions et des déclarations, ce qui a valu la levée de la suspension des
activités syndicales et politiques depuis le 28 Février 2009.
L'intercentrale CNTG-USTG est largement avec la société civile, le fer de lance de
la lutte des travailleurs guinéens, notamment depuis la grève générale de 2008.
Comment arrivez-vous à assumer cette responsabilité morale et sociale ?
Aujourd'hui nul n'ignore que l'intercentrale constitue le vecteur du changement en
Guinée. Et ce, suite aux différentes grèves organisées en juin 2006 et
janvier-février 2007 (grève générale ; ndlr) pour la défense des intérêts moraux et
matériels de la classe ouvrière guinéenne.
Quelles revendications immédiates avez-vous aujourd'hui pour sortir par le haut de
la situation actuelle ?
Sur le plan des revendications, nous avons demandé que la durée de transition
n'excède pas 12 mois et que soit mis en place un Conseil national de la transition
composé de civils et des militaires. Nous demandons également la révision des textes
de la loi fondamentale, le fonctionnement de la commission d'enquête sur les tueries
de 2006 et 2007 pendant les grèves, (plus d'une centaine de morts en janvier-février
2007 : ndlr), les préparatifs des élections nationales par la Commission Electorale
Nationale Indépendante (CENI) et le Ministère de l'administration territoriale et
des Affaires Politiques (MATAP) et l'organisation de journées nationales de
concertation en vue d'une transition apaisée dans le pays. Nous savons que cette
transition ne peut résoudre tous les problèmes socio-économiques de la Guinée, mais
elle peut poser les jalons d'un espoir pour le peuple.
Quel est à votre avis le rôle de l'État et des entreprises françaises dans la
situation de la Guinée ?
A notre avis nous suggérons que l'État Français accompagne la Guinée dans la période
de transition tant sur le plan financier matériel et moral afin que les 12 mois
soient respectés dans les normes de la démocratie.
Le syndicalisme est-t-il une solution à votre avis pour lutter contre les dérives
claniques et ethniques ?
Il est indéniable que le syndicalisme est l'unique solution pour lutter contre le
racisme, le clanisme et l'exclusion : tel est le fondement de notre doctrine
syndicale.
Propos recueillis par Fred du GT Afrique du SI de la CNT
Rien pour ce mois