Publié le mercredi 17 février 2010
Depuis cent ans maintenant le courage et la rébellion d'une poignée de
femmes et d'hommes ont fait que le monde commence à changer de base.
Conscients que l'émancipation des travailleurs femmes et hommes ne pourrait
être réalisés que par l'action directe des travailleurs eux-mêmes, les
exploités de toutes conditions et de tous métiers ont décidé de s'organiser
de façon autonome en tant que personnes libres et d'assumer le destin de
leurs vies en communauté en marge des maîtres, des gouvernements et des
superstitions.
C'est ainsi qu'est né le mouvement anarcho-syndicaliste espagnol avec les sigles
historiques de la Confederación générale du travail et de la Confederación
nationale du travail, inspiré des principes qui ont dynamisé la première
Internationale des travailleurs, l'expression la plus démocratique,
humaniste et révolutionnaire d'autodétermination politique et sociale que
les temps modernes aient connue.
Et l'expérience a démontré que ce sont ces sigles et ces idéaux anti-
autoritaires qui ont entraîné les transformations sociales les plus
importantes et les plus ambitieuses de l'histoire. En refusant la culture de
soumission prônée par les classes dirigeantes, les oligarchies et l'Eglise,
en combattant sur le terrain l'intolérance de la bourgeoisie prédatrice, en
prêchant par l'exemple de la solidarité et en disputant point par point au
totalitarisme armés les conquêtes obtenues par tant de sacrifice.
En avance sur leur temps et pionniers dans la dénonciation des injustices,
les anarcho-syndicalistes ont arraché aux griffes du capital la journée de
travail de 8 heures et leur lutte fraternelle a réussi après des siècles
d'humiliations à obtenir des conditions sociales égalitaires pour les
femmes.
Les anarcho-syndicalistes ont apporté leur idéal de révolution
sociale entière, intégrale et libertaire dans le monde, et tout spécialement
en Amérique Latine, devenue depuis le second foyer de cet héroïque
prolétariat militant.
C'est également la résistance libertaire qui dans un premier moment critique
a freiné aussitôt l'attaque criminelle des troupes mercenaires
fascistes appelés par la dictature franquiste pour soumettre le peuple
espagnol et punir son insolence révolutionnaire.
Aujourd'hui encore, la
révolution espagnole de 1936-1939 stupéfait le monde et il existe une prise
en compte universelle de cette épopée populaire comme jalon historique.
En
Espagne au contraire, sur le lieu même de cette confrontation inégale, l'esprit
revanchard et l'absence de mémoire complice continuent à sous estimer le
leg éthique de ces camarades qui portaient un monde nouveau dans leurs
cœurs.
C'est pourquoi aujourd'hui, pour le centenaire de cette flamme
qui éclaire encore le sentier fécond de la liberté et de la solidarité, nous, anarcho-syndicalistes, nous reprenons notre appel à
dénoncer les menaces nouvelles et insoupçonnées, mettant en danger
l'existence de la planète et de notre dignité.
Et nous
affirmons notre foi dans l'humanité des travailleurs et dans la défaite
finale de la barbarie capitaliste et de ses représentants.
Dans ce début du XXI siècle, convaincus que la patrie des opprimés est le
monde et que leur famille est l'humanité, nous, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, d'Espagne et d'ailleurs, métis, nous brandissons l'insoumission, la
paix et la parole pour briser les chaînes récentes et invisibles de la
servitude volontaire.
Alors que tout dans les hautes sphères conspire pour
étouffer les cris contre l'injustice en place, nous affirmons en tant
qu'anarcho-syndicalistes, syndicalistes révolutionnaires, anarchistes,
libertaires, anticapitalistes et anti-autoritaires, comme dépositaires de
l'authentique démocratie d'action directe, que nous sommes le peuple et sa
rébellion infinie, et nous reconnaissons l'immense dette due aux générations
qui nous ont précédés dans la lutte pour la liberté, la justice et la
dignité.
Parce que la volonté qui guide notre anarchie représente la plus haute
expression de l'ordre.
Parce que quand tout le peuple gouverne, comme le souhaite l'idéal de la
véritable démocratie, personne ne commande, comme l'anarchisme le prône.
SALUD ET LIBERTÉ !!
Secrétariat permanent de la CGT, 22 décembre 2009