Publié le jeudi 7 juillet 2005
ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE. MEXICO.
SIXIÈME DÉCLARATION DE LA FORÊT LACANDONE
III.- DE COMMENT NOUS VOYONS LE MONDE
Maintenant nous allons vous expliquer comment nous, les zapatistes, nous
voyons ce qui se passe dans le monde. Et bien nous voyons que le
capitalisme est le plus fort en ce moment. Le capitalisme est un système
social, c'est-à-dire une forme selon laquelle dans une société sont
organisées les choses et les personnes, et qui possède et qui ne possède
pas, qui dirige et qui obéit. Dans le capitalisme il y en a certains qui
ont de l'argent, c'est-à-dire le capital et les usines et les commerces et
les champs et beaucoup de choses, et d'autres qui n'ont rien, seulement
leur force et leur savoir pour travailler ; et dans le capitalisme
dirigent ceux qui ont l'argent et les choses, et obéissent ceux qui n'ont
rien d'autre que leur capacité de travail.
Ainsi le capitalisme signifie qu'il n'y en que quelques-uns qui ont des
grandes richesses, mais pas parce qu'ils ont gagné un prix ou qu'ils ont
trouvé un trésor ou qu'ils ont hérité d'un parent, mais parce qu'ils
obtiennent ces richesses en exploitant le travail de beaucoup de gens.
Autrement dit, le capitalisme repose sur l'exploitation des travailleurs,
ce qui veut dire qu'il pressure les travailleurs et leur prend tout ce qui
peut lui rapporter. Cela se fait avec des injustices parce qu'il ne paye
pas justement la besogne du travailleur, mais lui donne à peine un salaire
pour qu'il puisse manger et se reposer un peu, et le jour suivant
retourner travailler à l'exploitation, que ce soit à la campagne ou en
ville.
Aussi le capitalisme s'enrichit en dépouillant, c'est-à-dire par le vol,
puisqu'il prend aux autres ce qu'il désire, par exemple les terres et les
richesses naturelles. Autrement dit, le capitalisme est un système où les
voleurs sont libres, admirés et montrés en exemple.
Et, en plus d'exploiter et de dépouiller, le capitalisme réprime parce
qu'il emprisonne et tue ceux qui se rebellent contre l'injustice.
Au capitalisme, ce qui l'intéresse le plus sont les marchandises, parce
que, quand on les achète et les vend, on s'enrichit. Ainsi le capitalisme
convertit tout en marchandises : les personnes, la nature, la culture,
l'histoire, la conscience. Selon le capitalisme, tout doit pouvoir
s'acheter et se vendre. Et il cache tout derrière les marchandises pour
que nous ne voyions pas l'exploitation. Alors les marchandises s'achètent
et se vendent sur un marché. Et il se trouve que le marché, en plus de
servir à acheter et à vendre, sert aussi à cacher l'exploitation des
travailleurs. Par exemple, sur le marché, on voit le café déjà emballé,
dans un petit sachet ou un flacon très joli, mais on ne voit pas le paysan
qui a souffert pour récolter le café, et on ne voit pas l'exploitant qui
lui a mal payé son travail, et on ne voit pas les travailleurs dans la
grande entreprise qui emballent sans arrêt le café. Ou on voit un appareil
pour écouter de la musique, comme des cumbias, des rancheras ou des
corridos ou selon les goûts de chacun, et on voit qu'il est bien parce
qu'il a un bon son, mais on ne voit pas l'ouvrière de l'usine qui a
bataillé de nombreuses heures pour souder les fils et les parties de
l'appareil, et elle a été payée une misère, et elle habite loin de son
lieu de travail, et elle dépense beaucoup d'argent pour s'y rendre, et en
plus elle risque de se faire enlever, violer ou tuer comme ça arrive à
Ciudad Juárez, au Mexique.
Autrement dit, sur le marché on voit des marchandises, mais on ne voit pas
l'exploitation avec laquelle elles ont été fabriquées. Et donc le
capitalisme a besoin de beaucoup de marchés... ou un marché très grand, un
marché mondial.
Ainsi, le résultat c'est que le capitalisme d'aujourd'hui n'est pas comme
celui d'avant, quand les riches étaient contents d'exploiter les
travailleurs dans leur pays, puisqu'il en est maintenant à une étape qui
s'appelle Globalisation néolibérale. Cette globalisation veut dire que les
capitalistes dominent les travailleurs non seulement dans un ou plusieurs
pays, mais qu'ils essayent de tout dominer dans le monde entier. Le monde,
c'est-à-dire la planète Terre, on l'appelle aussi "globe terrestre" et
c'est pour ça qu'on parle de "globalisation", autrement dit le monde
entier.
Et le néolibéralisme, et bien c'est l'idée que le capitalisme est libre de
dominer le monde entier et tant pis, il faut se résigner et s'y conformer
et ne pas faire de remous, c'est-à-dire ne pas se rebeller. En fait le
néolibéralisme c'est comme la théorie, le plan, de la globalisation
capitaliste. Et le néolibéralisme a des plans économiques, politiques,
militaires et culturels. Dans tous ces plans, il s'agit de dominer tout le
monde, et celui qui n'obéit pas est réprimé ou écarté pour qu'il ne passe
pas ses idées de rébellion à d'autres.
Donc, dans la globalisation néolibérale, les grands capitalistes qui
vivent dans les pays puissants, comme les Etats-Unis, veulent que le monde
entier se transforme en une grande entreprise où on produit des
marchandises et en une sorte de grand marché. Un marché mondial, un marché
pour tout acheter et tout vendre, et pour cacher l'exploitation de tout le
monde. Alors les capitalistes globalisés se mêlent de tout, autrement dit
vont dans tous les pays, pour faire leurs grandes affaires, c'est-à-dire
leurs grandes exploitations. Et ils ne respectent rien et s'installent
comme ils veulent. En fait, ils effectuent comme une conquête d'autres
pays. C'est pour cela que, les zapatistes, nous disons que la
globalisation néolibérale est une guerre de conquête du monde, une guerre
mondiale, une guerre que fait le capitalisme pour dominer mondialement. Et
ainsi cette conquête se fait parfois avec des armées qui envahissent un
pays et le conquièrent par la force. Mais d'autres fois c'est avec
l'économie : les grands capitalistes investissent leur argent dans un
autre pays ou lui prêtent de l'argent, mais avec la condition d'obéir à ce
qu'ils disent. Ils arrivent aussi avec leurs idées, c'est-à-dire avec la
culture capitaliste qui est la culture de la marchandise, du gain, du
marché.
Donc celui qui fait la conquête, le capitalisme, fait comme il veut : il
détruit et change ce qui ne lui plaît pas et élimine ce qui le gêne. Par
exemple, ceux qui ne produisent, ni n'achètent, ni ne vendent les
marchandises de la modernité ou ceux qui se rebellent à cet ordre le
gênent. Et à ceux-là qui ne lui servent à rien, il les dédaigne. C'est
pour ça que les indigènes gênent la globalisation néolibérale, et qu'ils
sont dépréciés et qu'on veut les éliminer. Et le capitalisme néolibéral
supprime aussi les lois qui ne le laissent pas faire ses nombreuses
exploitations et avoir beaucoup de profits. Par exemple il impose qu'on
puisse tout vendre et tout acheter, et comme le capitalisme a beaucoup
d'argent, il achète tout. Le capitalisme semble ainsi vouloir détruire les
pays qu'il conquiert avec la globalisation néolibérale, mais semble aussi
vouloir remettre tout en ordre ou tout refaire mais à sa manière,
c'est-à-dire de manière à en tirer des bénéfices sans qu'on le dérange.
Alors la globalisation néolibérale ou capitaliste détruit ce qu'il y a
dans ces pays, détruit leur culture, leur langue, leur système économique,
leur système politique et détruit même les modes de relations de ceux qui
vivent dans ce pays. Autrement dit, tout ce qui fait qu'un pays est un
pays est détruit.
Donc la globalisation néolibérale veut détruire les nations du monde et
qu'il ne reste qu'une seule nation ou pays, celui de l'argent, du capital.
Et le capitalisme veut que tout soit comme il veut, à sa manière, et ce
qui est différent ne lui plaît pas, et il le poursuit, et il l'attaque ou
le met à l'écart dans un recoin et fait comme s'il n'existait pas.
Alors, en résumé, comme on dit, le capitalisme de la globalisation
néolibérale se fonde sur l'exploitation, le pillage, le mépris et la
répression contre ceux qui ne se laissent pas faire. C'est-à-dire comme
avant, mais maintenant globalisé, mondial.
Mais ce n'est pas si facile pour la globalisation néolibérale, parce que
les exploités de chaque pays ne se laissent pas faire et ne se résignent
pas, mais se rebellent ; et ceux qui sont de trop ou gênants résistent et
ne se laissent pas éliminer. C'est pour ça qu'on peut voir dans le monde
entier ceux qui sont démunis résister pour ne pas se laisser faire, et se
rebeller, et pas seulement dans un pays, mais partout ; ainsi, comme il y
a une globalisation néolibérale, il y a une globalisation de la rébellion.
Et dans cette globalisation de la rébellion, il n'y a pas que les
travailleurs des champs et de la ville, il y a aussi beaucoup d'autres
personnes qui sont poursuivies et humiliées parce qu'elles ne se laissent
pas non plus dominer, comme les femmes, les jeunes, les indigènes, les
homosexuels, lesbiennes, transsexuels, les migrants et beaucoup d'autres
groupes du monde entier, mais que nous ne voyons pas jusqu'à ce qu'ils
crient qu'il y en a assez de ceux qui les méprisent, et qu'ils se
soulèvent, et alors nous les voyons, et nous les entendons, et nous les
connaissons.
Alors nous voyons que tous ces groupes de gens luttent contre le
néolibéralisme, c'est-à-dire contre le plan de la globalisation
capitaliste, et qu'ils luttent pour l'humanité.
Tout cela provoque en nous une grande frayeur en voyant la stupidité des
néolibéralistes qui veulent détruire toute l'humanité avec leurs guerres
et leurs exploitations, mais aussi une grande satisfaction de voir que
partout il y a des résistances et des rébellions, comme la nôtre qui est
un peu petite, mais nous sommes là. Et nous voyons tout cela dans le monde
entier et notre cœur apprend que nous ne sommes pas seuls.
IV.- DE COMMENT NOUS VOYONS NOTRE PAYS QUI EST LE MEXIQUE
Maintenant nous allons vous parler de ce que nous voyons se passer dans
notre Mexique. Bon, et bien ce que nous voyons, c'est que notre pays est
gouverné par les néolibéralistes. C'est-à-dire que, comme nous l'avons
expliqué, les dirigeants que nous avons sont en train de détruire ce qui
est notre nation, notre patrie mexicaine. Et leur travail, de ces mauvais
dirigeants, ce n'est pas d'envisager le bien-être du peuple, mais
seulement de s'occuper de celui des capitalistes. Par exemple, ils font
des lois comme celles du traité de libre-échange, qui laissent dans la
misère beaucoup de Mexicains, que ce soit des paysans ou des petits
producteurs, parce qu'ils sont "mangés" par les grandes entreprises
agroindustrielles ; tout comme les ouvriers et les petits entrepreneurs
parce qu'ils ne peuvent pas concurrencer les grandes transnationales qui
s'installent sans que personne ne leur dise quoi que ce soit et on les
remercie même, et elles imposent leurs bas salaires et leurs prix élevés.
En fait, comme on dit, certaines des bases économiques de notre Mexique,
qui étaient l'agriculture, l'industrie et le commerce nationaux, sont
détruits et il ne reste que quelques vestiges qui vont sûrement aussi être
vendus.
Et ce sont de grands malheurs pour notre patrie. Parce que dans la
campagne on ne produit plus les aliments, seulement ceux que vendent les
grands capitalistes, et les bonnes terres sont volées astucieusement avec
le soutien des politiques. Il se passe donc dans la campagne la même chose
qu'à l'époque du porfirisme, sauf que, à la place des haciendas, il y a
aujourd'hui des entreprises étrangères qui maintiennent la campagne dans
la misère. Et où avant il y avait des crédits et des prix de protection,
il n'y plus que des aumônes... et parfois même pas.
Du côté du travailleur de la ville, les usines ferment, et le laissent
sans travail ou on ouvre ce que l'on appelle les maquiladoras, qui sont
étrangères et qui payent une misère pour beaucoup d'heures de travail. Et
peu importe le prix des produits dont la population a besoin, parce que,
chers ou pas, personne ne peut se les payer. Et si quelqu'un travaillait
dans une petite ou moyenne entreprise, et bien plus maintenant, parce
qu'elle a fermé ou a été rachetée par une grande transnationale. Et si
quelqu'un avait un petit commerce, il a aussi disparu ou il s'est mis à
travailler clandestinement pour les grandes entreprises qui l'exploitent
cruellement, et font même travailler les enfants. Et si le travailleur
était dans un syndicat pour demander ses droits légalement, et bien non,
maintenant même le syndicat lui dit qu'il faut supporter que le salaire ou
la journée de travail baisse ou que des prestations soient supprimées,
parce que sinon l'entreprise va fermer et partir dans un autre pays. Et
après il y a aussi la "micro-échoppe", qui est en quelque sorte le
programme économique du gouvernement pour que tous les travailleurs de la
ville se mettent à vendre des chewing-gums ou des cartes téléphoniques au
coin de la rue. Autrement dit, il n'y a que de la destruction économique
aussi dans les villes.
Alors ce qui se passe, c'est que, comme l'économie de la population est
pitoyable tant à la campagne qu'à la ville, et bien beaucoup de Mexicains
et Mexicaines doivent quitter leur patrie, la terre mexicaine, et aller
chercher du travail dans un autre pays, les Etats-Unis, et là-bas on ne
les traite pas bien, ils sont exploités, persécutés et humiliés, parfois
même tués.
Le néolibéralisme que nous imposent les mauvais gouvernements n'a pas
amélioré l'économie, au contraire, la campagne est dans le besoin et dans
les villes, il n'y a pas de travail. Et ce qui se passe, c'est que le
Mexique se convertit en un lieu où naissent, vivent un temps puis meurent
ceux qui travaillent pour la richesse des étrangers, principalement les
riches gringos. C'est pour cela que nous disons que le Mexique est dominé
par les Etats-Unis.
Bon, mais ce n'est pas tout ce qui se passe, le néolibéralisme a aussi
changé la classe politique du Mexique ou plutôt les politiques, parce
qu'ils sont devenus une sorte d'employés de magasin, qui doivent tout
faire pour tout vendre et pas cher. D'ailleurs ils ont changé les lois
pour enlever l'article 27 de la Constitution et faire en sorte que les
terres ejidales et communales puissent être vendues. C'était Salinas de
Gortari, et lui et sa bande ont dit que c'était pour le bien de la
campagne et du paysan, et que ce dernier va ainsi prospérer et vivre
mieux. Est-ce que ça a été le cas ? La campagne mexicaine est pire que
jamais et les paysans plus miséreux qu'à l'époque de Porfirio Díaz. Et ils
ont aussi dit qu'ils allaient privatiser, c'est-à-dire vendre aux
étrangers les entreprises de l'État pour soutenir le bien-être de la
population. Parce qu'elles ne fonctionnent pas bien et qu'elles doivent
être modernisées, et qu'il valait mieux les vendre. Mais, au lieu de
progresser, les droits sociaux qui ont été acquis à la révolution de 1910
font aujourd'hui pitié... et enrager. Et ils ont dit aussi qu'il faut ouvrir
les frontières pour que tout le capital étranger entre, qu'ainsi les
entrepreneurs mexicains vont se presser à mieux faire les choses. Mais
maintenant nous voyons qu'il n'y a plus d'entreprises nationales, les
étrangers ont tout avalé, et ce qu'ils vendent est pire que ce qui se
faisait au Mexique.
Et bon, maintenant les politiques mexicains veulent aussi vendre Pemex,
c'est-à-dire le pétrole qui appartient aux Mexicains, et la seule
différence c'est que certains disent qu'ils vendent tout et d'autres
seulement une partie. Et ils veulent aussi privatiser la sécurité sociale,
et l'électricité, et l'eau, et les forêts, et tout, jusqu'à ce qu'il n'y
ait plus rien du Mexique et que notre pays ne soit plus qu'un terrain
vague ou un lieu pour les loisirs des riches du monde entier, et les
Mexicains et Mexicaines soyons comme leurs subordonnés, attentifs à ce que
nous pouvons leur offrir, vivant mal, sans racines, sans culture, sans
patrie.
Autrement dit, les néolibéralistes veulent tuer le Mexique, notre patrie
mexicaine. Et les partis politiques électoraux non seulement ne le
défendent pas, mais sont les premiers à se mettre au service des
étrangers, principalement des Etats-Unis, et sont ceux qui se chargent de
nous tromper, nous faisant regarder de l'autre côté pendant qu'ils vendent
tout et restent avec le profit. Tous les partis politiques électoraux
qu'il y a aujourd'hui, pas seulement certains. Réfléchissez s'ils ont fait
quelque chose de bien et vous verrez que non, seulement des vols et des
arnaques. Et voyez comment les politiques électoraux ont toujours leurs
belles maisons, et leurs belles voitures, et leurs luxes. Et ils veulent
encore que nous les remerciions, et que nous votions de nouveau pour eux.
Et c'est que clairement, comme ils disent parfois, ils n'ont pas honte
["ils n'ont pas de mère", littéralement, ndt]. Et ils ne l'ont pas parce
que de fait ils n'ont pas de patrie, ils n'ont que des comptes bancaires.
Et nous voyons aussi que le narcotrafic et les crimes augmentent. Et
parfois nous pensons que les criminels sont comme on les montre dans les
corridos [chansons] et les films, et peut-être que certains le sont, mais
ce ne sont pas les vrais chefs. Les vrais chefs sont bien habillés, ont
fait leurs études à l'étranger, sont élégants, ne se cachent pas mais
mangent dans des bons restaurants et sortent dans les journaux bien beaux
et bien habillés dans leurs fêtes ; ce sont, comme on dit, des "gens
biens", et certains sont mêmes des dirigeants, députés, sénateurs,
secrétaires d'État, entrepreneurs prospères, chefs de police, généraux.
Nous sommes en train de dire que la politique ne sert à rien ? Non, ce que
nous voulons dire c'est que CETTE politique ne sert à rien. Et elle ne
sert à rien parce qu'elle ne tient pas compte du peuple, ne l'écoute pas,
ne s'en occupe pas, elle ne s'en rapproche qu'au moment des élections, et
il n'y a même plus besoin de votes, les sondages suffisent pour dire qui a
gagné. Et donc, ce ne sont que des promesses pour dire qu'ils vont faire
plein de choses, et après, salut, et on ne les revoit plus, seulement aux
informations pour dire qu'ils ont volé beaucoup d'argent et qu'il ne va
rien leur arriver parce que la loi, que ces mêmes politiques ont faite,
les protège.
Parce que c'est ça le problème, c'est que la Constitution est complètement
trafiquée et changée. Ça n'est plus celle des droits et des libertés du
peuple travailleur, mais celle des droits et des libertés des
néolibéralistes pour obtenir leurs grands profits. Et les juges sont là
pour servir ces néolibéralistes, parce qu'ils les défendent toujours, et
ceux qui ne sont pas riches ont droit aux injustices, aux prisons, aux
cimetières.
Bon et bien même malgré cette confusion que font régner les
néolibéralistes, il y a des Mexicains et des Mexicaines qui s'organisent,
luttent et résistent.
Et ainsi nous avons su qu'il y a des indigènes, que leurs terres sont loin
d'ici, du Chiapas, et qu'ils sont autonomes et défendent leur culture et
prennent soin de la terre, des forêts, de l'eau.
Et il y a des travailleurs de la campagne, des paysans donc, qui
s'organisent et font des manifestations et des mobilisations pour exiger
des crédits et des soutiens à l'agriculture.
Et il y a des travailleurs de la ville qui ne permettent pas qu'on leur
retire leurs droits ou qu'on privatise leur travail, mais protestent et se
manifestent pour qu'on ne leur retire pas le peu qu'ils ont et qu'on ne
retire pas au pays ce qui est à lui de fait, comme l'électricité, le
pétrole, la sécurité sociale, l'éducation.
Et il y a des étudiants qui ne permettent pas qu'on privatise l'éducation
et luttent pour qu'elle soit gratuite et populaire et scientifique,
autrement dit qu'elle ne soit pas payante, que tout le monde puisse
apprendre, et que dans les écoles on n'enseigne pas de stupidités.
Et il y a des femmes qui ne permettent pas qu'on les traite comme des
objets ou qu'on les humilie et les méprise simplement parce qu'elles sont
des femmes, mais s'organisent et luttent pour le respect qu'elles méritent
en tant que femmes.
Et il y a des jeunes qui n'acceptent pas qu'on les abrutisse avec les
drogues ou qu'on les harcèle pour leurs manières d'être, mais prennent
conscience avec leur musique et leur culture, leur rébellion en fait.
Et il y a des homosexuels, lesbiennes, transsexuels et beaucoup d'autres
pratiques, qui n'acceptent pas qu'on se moque d'eux, et les méprise, et
les maltraite, et parfois les tue parce qu'ils ont une pratique
différente, et qu'on les traite d'anormaux ou de délinquants, mais
s'organisent pour défendre leur droit à la différence.
Et il y a des prêtres et des religieuses et ceux qu'on appelle les
séculiers, qui ne sont ni avec les riches ni résignés dans la prière, mais
s'organisent pour accompagner les luttes des peuples.
Et il y a ceux qu'on appelle les combattants sociaux, qui sont des hommes
et des femmes qui ont passé toute leur vie à lutter pour le peuple
exploité, et ce sont les mêmes qui participent aux grandes grèves et aux
actions ouvrières, aux grandes mobilisations citoyennes, aux grands
mouvements paysans, et qui ont souffert les grandes répressions, et quoi
qu'il en soit, bien que certains soient âgés, ils ne renoncent pas, et
vont de tous côtés cherchant la lutte, l'organisation, la justice et
mettent en place des organisations de gauche, des organisations non
gouvernementales, des organisations des droits humains, des organisations
de défense des prisonniers politiques et de retour des disparus, des
publications de gauche, des organisations d'enseignants ou d'étudiants,
autrement dit la lutte sociale, et même des organisations
politico-militaires, et ils ne s'arrêtent jamais, et savent ils en
beaucoup parce qu'ils ont beaucoup vu, et entendu, et vécu, et lutté.
Et ainsi en général, nous voyons que dans notre pays, qui s'appelle le
Mexique, il y a beaucoup de gens qui ne se laissent pas faire, qui ne se
rendent pas, qui ne se vendent pas. Autrement dit, des gens dignes. Et
nous sommes très contents et heureux parce que, avec tous ces gens, les
néolibéralistes ne vont pas gagner si facilement, et peut-être que nous
arriverons à sauver notre patrie des grands vols et destructions qu'ils
réalisent. Et nous espérons que notre "nous" pourra inclure toutes ces
rebellions...
(A suivre...)
Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain.
Comité clandestin révolutionnaire indigène - Commandement général
de l'Armée zapatiste de libération nationale.
Mexique, le sixième mois de l'année 2005.
— Traduit par Cybèle, que nous remercions du fond du cœur, diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France réunion (ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30 http://cspcl.ouvaton.org cspcl altern.org liste d'information : http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl_l
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