Secrétariat international de la CNT

Des vêtements tachés de sang

Publié le mercredi 2 avril 2014

Survivre avec 60 euros par mois en travaillant 12h par jour, 6 jours sur 7, c’est la condition que les entreprises européennes et américaines imposent aux ouvriers cambodgiens du textile.

IMG/jpg/pnohmpenh_nicholaswang.jpgSi les ouvriers protestent, ce sont les policiers du gouvernement de Hun Sen, dirigeant du Parti du peuple Cambodgien, qui se chargeront de leur tirer dessus. Le 3 janvier dernier, entre 4 et 7 travailleurs sont morts et 21 ont été blessés par les balles de la répression d’État. En grève depuis des semaines, les travailleurs du textile réclament une augmentation de leur salaire, passant celui-ci de 80 dollars à 160, le gouvernement n'en proposant que 95. Même pas le prix d’une paire de pantalons de marque vendue en Europe par l’une des nombreuses multinationales qui surexploitent les 650 000 travailleurs du textile cambodgiens.

Ce secteur clef de l’économie locale est en ébullition depuis le mois de novembre, où une vendeuse de rue avait été tuée par la police pendant des manifestations de travailleurs du textile en réaction à la brutale dégradation de leurs conditions de travail. Le pouvoir de gauche, issu de l’ancien parti communiste du Kampuchea, mène la même politique de capitalisme sauvage sous contrôle de l'état que son voisin chinois. On attend avec impatience les protestations des donneurs d’ordre, les entreprises occidentales, qui se disent si respectueuses des droits de l’homme.
Même si cette grève a déjà coûté 200 000 dollars à Nike et à Gap, leurs directions, tout en appelant à une négociation salariale, rappellent qu’elles trouveront toujours des travailleurs bon marché ailleurs. L’art du cynisme absolu.

Les luttes des travailleurs du textile sont incessantes au Cambodge. En 2010, une grève de 68 000 salariés avait fait plier le gouvernement, mais en septembre dernier, 720 ouvriers grévistes ont été licenciés et
5 000 suspendus chez l’un des sous-traitants d’une multinationale américaine.

Quelle que soit la forme que prend le capitalisme, il sera toujours aussi prédateur. Loin des discussions oiseuses sur la « disparition du travail » ou le « travail dématérialisé » qui sévissent en Europe, la brutale répression subie par nos camarades au Cambodge, comme en 2012 en Afrique du Sud, montrent combien la vielle et directe domination du capital est toujours présente. La lutte des classes aussi.

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