Publié le vendredi 30 novembre 2012
Le Caire, vendredi 30 novembre
Mohammed Morsi comme avant lui Hosni Moubarak accomplissent des miracles.
Si l'on revient quelques années plus tôt, avant la révolution, l'ancien "pharaon", avait réussi à s'aliéner la société entière.
La masse des égyptiens les plus pauvres et les plus inéduqués d'abord, devant les abus de pouvoir, la corruption, l'arrogance des felouls [1] ainsi que leur richesse ostentatoire, l'ensemble du mouvement ouvrier, maté en 2008 à Ghazl el Mahallah, mais aussi partout ailleurs. Les classes moyennes, islamisés ou non, autour de l'assassinat de Khaled saïd qui mit en lumière la brutalité d'une police. Des millions de coptes, qui ont encaissé, le plus souvent sans broncher, les attaques des islamistes, souvent minimisées par le régime, qui firent près de 1 000 morts au cours de la décennie 2000. D'autre part Moubarak et ses felouls se sont aliénés également : sa clientèle de bourgeoisie libérale, les ineptes intellectuels marxistes des salons de garden city et de zamalek [2], ainsi que la jeunesse dorée ulcérée par les checkpoints nocturnes de la police militaire.
Quand vint l'heure, et ce fut en janvier 2011, le pharaon tomba.
Ajourd'hui, Morsi el Ayat a accompli le même miracle. Ses rodomontades face à Israël et aux palestiniens, son passage en force constitutionnel et islamique, sa farce religieuse ostentatoire répétée, consistant à paralyser le Caire 5 fois par jour pour aller ici et là prier en grande pompe, son maintien des forces répressives, la promotion des bouchers de juin-juillet 2011, ont fait leur effet. Il a ainsi réussi à unir une opposition atone et insignifiante, à se mettre à dos une écrasante majorité de fonctionnaires et à réveiller des velléités de luttes plus larges au sein du mouvement social. Merci, Morsi el Ayat, grâce à toi, nous allons vers une grève générale, et nous te faisons savoir, à nouveau que la révolution n'est pas terminée.
Iannis B. & Yasmine T.
Rien pour ce mois