Publié le mardi 14 février 2012
Le SCFA qui gouverne l'Égypte depuis plus d'un an intensifie de jour en jour la répression contre les manifestants pacifistes qu'on tue froidement.
Le bilan des affrontements de ces derniers jours s'est élevé à seize morts et des centaines de blessés, par balles, par bombes lacrymogènes, par coup de couteaux.
Une activiste, membre du groupe Mossirin, « déterminés », qui filme les événements de la révolution depuis son déclenchement pour en constituer une archive ; (dont certains épisodes ont été projetés dans le cadre du festival de cinéma El Tahrir à Paris), a été blessé par balles avant-hier lors d'un tournage des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre.
Salma Said, (fille de deux militants, Mona Mina médecin et Said Abou Taleb ingénieur), a été interviewée hier à partir de son lit d'hôpital par Rim Maged, animatrice de l'émission Baladna bel masri de la chaîne OnTV. Au cours de cet entretien, la jeune activiste a raconté qu'elle était en train de filmer lorsque des hommes cagoulés montés sur une voiture blindée de l'armée qui circulait sur la place Bab El Louk, où se déroulaient les affrontements, ont ouvert le feu sur elle. Atteinte au dessous de son œil, elle est tombée, ils ont continué à la viser, et ont poursuivi leurs tirs même quand elle était portée par les manifestants qui l'ont secourue. Slama a 117 plombs dans son corps, elle accuse le ministre de l'intérieur ainsi que le maréchal Tantawi et a déjà engagé une procédure judiciaire.
Ce que raconte Salma, atteste à l'évidence de la préméditation de ces massacres qui sont des crimes contre l'humanité et qui ne diffèrent en rien de ce que commet Assad contre son peuple, toutes proportions gardées. Mais le principe est le même : on tue des manifestants pacifistes de sang froid. Mais la différence entre l'Égypte et la Syrie est que Moubarak n'est plus là, et qu'il y a un parlement élu. Seulement ce parlement s'est immédiatement rangé du côté des assassins au cours de la séance d'hier quand son président, applaudi par la majorité, a nié l'usage de balles réelles contre les manifestants. Or, les rapports des médecins du ministère de la santé, ainsi que le témoignage d'un député de la minorité, membre de la commission d'enquête sur les récents événements démentent indéniablement ces allégations.Un député de cette majorité a même appelé à ouvrir le feu sur les manifestants s'ils s'approchaient trop du ministère de l'intérieur. Une revendication similaire a été émise par un ex député du parlement démantelé de l'ancien régime. Une majorité a remplacé une autre, mais ce sont les mêmes gens, la même mentalité, les mêmes pratiques, les mêmes ordures.
Par ailleurs, les salafistes ont dressé avec les agents de la sécurité de l'État et des membres de la confrérie, un tribunal qui prononça un jugement contre huit familles chrétiennes les condamnant à émigrer de leur quartier et à mettre leurs biens en vente. Ceci s'est passé à Amryah, une ville nouvelle dans les environs d'Alexandrie, qui a connu récemment des troubles confessionnels. Ils furent déclenchés par un fait divers, une relation illégale entre un homme et une femme de confessions différentes, dont la révélation a poussé les musulmans de la ville à saccager les maisons et les commerces du chrétien accusé de cet adultère et ceux de sa famille et proches. Les expulsions arbitraires des chrétiens de leurs villages, quartiers ou villes par les salafistes, qui ont lieu sous l'œil bienveillant des autorités et de la police, est devenue une pratique courante au cours de ces 30 dernières années, et restent complètement impunies.
L'appel à la grève générale le samedi 11 février lancé par 114 partis et organisations syndicales, estudiantines et des coalitions des jeunes révolutionnaires a été qualifié par la majorité parlementaire comme une initiative déstabilisatrice de l'État et de sa sécurité.
La révolution continue
G. El K
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