Publié le vendredi 26 avril 2019
À la suite de l’arrestation le 28 février 2019 de cinq camarades défendant les droits et les terres des communautés locales de l’État du Maranhão, la CNT tient à affirmer son soutien inconditionnel à celles et ceux qui partout luttent pour leur dignité, leurs droits et la possibilité d’une vie libre et émancipée, hors du capitalisme.
En signe de soutien à nos camarades brésiliens injustement incarcérés, à leurs familles ainsi qu’à celles et ceux qui au Brésil comme ailleurs luttent et s’exposent à l’iniquité et à la répression de l’État, la CNT relaie ci-dessous l’appel traduit des Forums et réseaux de défense des droits des citoyens du Maranhão. Que nos camarades d’Arari soient ainsi assuré.es de notre amitié et de notre solidarité. Plus que jamais, face à la criminalisation généralisée des mouvements sociaux, le mot d’ordre Terre et Liberté doit partout résonner.
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Em reação à detenção no dia 28 de fevereiro 2019 d@s noss@s cinco camaradas dos Fóruns e redes de defesa dos direitos da cidadania do Maranhão, a CNT afirma seu apoio incondicional aos homens e mulheres que pelo mundo lutam pela sua dignidade, seus direitos e pela possibilidade de viver vidas livres e emancipadas, fora do capitalismo.
Em sinal do nosso apoio para com @s noss@s camaradas brasileir@s injustamente detid@s, com seus familiares e com tod@s @s que no Brasil como pelo mundo fora lutam e expõem-se à iniquidade e à repressão do Estado, a CNT transmite abaixo o comunicado traduzido em francês dos Fóruns e redes de defesa dos direitos da cidadania do Maranhão. Camaradas d’Arari, estejam cert@s da nossa amizade e solidariedade. Mais que nunca, frente à criminalização dos movimentos sociais, a palavra de ordem Terra e Liberdade deve soar por todo o lado.
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Des nouvelles venues d’Arari, dans l’État du Maranhão au Brésil, font état de l’arrestation, dans la matinée du 28 février 2019, de 5 membres des Forums et réseaux de défense des droits des citoyens issus du village de Cedro. Ces arrestations sont liées à un conflit qui voit des communautés entières encerclées par des fermiers de la région qui ont enclos des terres publiques et se les approprient.
En plusieurs villages, comme dans le cas de Cedro, les habitants sont empêchés d’aller et venir, d’avoir accès à l’eau, de pêcher ou de construire leurs maisons. Des communautés centenaires sont réduites à un espace restreint, entre les mains de groupes qui ont certainement de l’influence auprès des autorités leur permettant de se conduire de la sorte en toute impunité.
Ces terres sont publiques en vertu d’une disposition constitutionnelle et leur appropriation est reconnue comme crime. Malgré cela, les enclosures perdurent en toute impunité bien que les autorités publiques – police, ministère public, secrétariat d’État à l’environnement (SEMA), Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles (IBAMA), Secrétariat d’État aux droits humains et à la participation populaire (SEDIHPOP) – soient informées d’une situation qui perdure injustement.
Dans le même temps, le pouvoir judiciaire, dans son rôle de « capitão do mato »1 qui lui a été délégué depuis la monarchie, agit rapidement. Il est prompt à persécuter, criminaliser, arrêter et condamner, sans faux semblants, paysans, quilombolas, pêcheurs, productrices d’huile de Babassu2 qui luttent pour un minimum de dignité humaine. Il fonctionne ainsi comme simple formalité justifiant la haine de classe existante depuis toujours.
En conséquence, nous condamnons cette décision injuste du pouvoir judiciaire, exécutée par le bras armé de l’État, en faveur des fermiers qui s’approprient impunément les terres publiques.
Agissant de la sorte, le pouvoir judiciaire ne fait que tenir son rôle indigne : persécuter et condamner des êtres humains à vivre dans la misère et l’oppression. Ces faits condamnent devant l’histoire ces autorités à la place qui est la leur : les poubelles de l’histoire.
Les Forums et Réseaux affirment leur solidarité envers des camarades injustement faits prisonniers et prisonnières, luteront pour leur libération et continuera son infatigable lutte pour le retrait de toutes les clôtures criminelles des terres publiques du Maranhão.
Lutter n’est pas un crime !
A bas les enclos, terres libres !
Le peuple uni et organisé, lutte et vainc !
Maranhão, 28 février 2019
Forums et réseaux de défense des droits des citoyens du Maranhão
1 Dans le Brésil colonial puis impérial, les « capitaines de brousse » étaient des chasseurs de marrons pour le compte des grands propriétaires esclavagistes.
2 Les « quebradeiras de coco » sont des travailleuses qui extraient les graines des noix de Babassu, un palmier originaire d’Amazonie. Cette activité est traditionnellement communautaire, autogérée et concerne surtout les femmes autochtones qui se transmettent le savoir-faire de mère en fille.
Rien pour ce mois