Publié le jeudi 29 octobre 2020
Dimanche 25 octobre, les Chiliens ont été 78,2% à exprimer leur volonté d’un changement de Constitution. Ce référendum s’est tenu dans des conditions très difficiles : la pandémie d’une part, qui n’a pas empêché de longues files d’attentes et d’autre part la répression particulièrement vive des forces de l’ordre depuis le début de la révolte sociale, le 18 octobre 2019.
En effet, depuis un an, les contestations n’ont cessé de se multiplier dans tout le pays, remettant en cause un ordre politique et social directement hérité de la dictature.
C’est de 1980, en pleine époque de Pinochet, que date l’actuelle Constitution, qui établit la privatisation des services publiques de santé, d’éducation supérieure, d’accès à l’eau et à l’énergie, entre autres éléments qui accroissent les inégalités. L’appartenance des rivières à des compagnies étrangères extractivistes justifie dans la Constitution l’accaparement de terre des communautés mapuche, dont les tentatives de résistance se sont soldées au cours des dernières décennies par une répression sans commune mesure.
Depuis un an, la contestation s’est étendue à toutes les franges du pays : assemblées populaires et de quartier ont permis de rassembler à travers tout le Chili les revendications d’un peuple qui vit dans une précarité croissante due à la politique ultralibérale mise en place pendant la dictature. Les revendications féministes, notamment le droit à l’avortement, ont fait partie de ces revendications essentielles pour changer la société chilienne.
Avec cette victoire écrasante, la société civile, soutenue par de nombreux syndicats et partis, mais indépendante d’eux, a réussi ce qui paraissait inimaginable : la Constitution va enfin être réécrite, par des membres issus de la société civile, qui seront élus en avril 2021 et commenceront un long travail de rédaction dont le travail devra aussi être approuvé par référendum. Jusque là, toute modification substantielle de la Constitution de 1980 était rendue impossible par le mode de délibération qui prévalait, car le blocage du Sénat à toute réforme sociale rendait vaines les tentatives d’amendement, ce qui limitait considérablement les avancées sociales.
Le Secrétariat International de la CNT salue cette magnifique victoire d’un peuple qui a gagné par son combat la possibilité d’être souverain, après des décennies de spoliation du pouvoir par les élites. Au prix de leur liberté, voire de leur vie, car des milliers de prisonniers politiques de la révolte sociale attendent toujours leurs jugements dans les prisons chiliennes, comme les prisonniers mapuche, que des milliers d’hommes et de femmes sont morts, ont perdu un œil, un membre, dans les manifestations, le peuple chilien a réussi à mener une révolution constitutionnelle et pacifique, pour laquelle nous témoignons de toute notre admiration pour nos camarades chiliens.
GT Amérique, Secrétariat International de la CNT
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