Secrétariat international de la CNT

Colombie : l’école rurale la dominga

Publié le lundi 7 janvier 2008

Lors de notre séjour dans la région du Cauca auprès de nos camarades du syndicat enseignant ASOINCA, nous avons eu l'occasion de nous rendre à l'école rurale La Dominga.

Après un voyage de 4 heures en bus collectif (délabré et bruyant à cause
du Reggeaton à pleins tubes) sur une route chaotique depuis Popayan la capitale, nous arrivons à Medina petit village perdu dans la verdoyante
montagne de cette magnifique région. Et ce n'est pas fini. Nous attend
encore une bonne heure de marche en plein caniar depuis Medina, guidés par des enfants de l'école venus à notre rencontre. Sur les coups de 12h nous arrivons, enfin, sur le lieu de l'école construite par les militants de ASOINCA et les familles. Stade de foot, salles de classe sommaires et sans électricité, espace cuisine (autogéré par deux mères élèves), douche…

Au programme de la journée : repas collectif, débat avec les parents
d'élèves tous exclusivement d'origine paysanne, ateliers pédagogiques avec les élèves, parties de foot endiablées avec des gamins (filles comme
garçons) à la condition physique beaucoup plus affutée que la mienne (il
faut du souffle à 1500 mètres d'altitude).

Matilda, militante de ASOINCA, revient sur la genèse et le projet de cette
école en milieu rural :

« L'école rurale La Dominga est un exemple concret d'implication de
professeurs de ASOINCA en milieu difficile. Cette école rurale existe
depuis 1968 et appartient à la Commune La Dominga dans le district de
Bolivar dans le Sud du Cauca. Dans cette région quasiment tous les
paysans vivent de la culture de la coca. Ces derniers souffrent
régulièrement des incursions violentes des paramilitaires du groupe
Aguilas negras (les Aigles noirs).

Pour arriver chaque matin à l'école, les deux enseignants du syndicat qui
vivent à Bolivar, font une heure en moto, puis 40 minutes de marche par
un petit chemin de montagne. Ce trajet, ils le font du lundi au samedi
qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve. Mais pour eux , il ne s'agit pas d'un
sacrifice. Bien au contraire, il s'agit d'un engagement envers les 34
enfants, de 6 à 11 ans, qui les attendent.

Une après midi par semaine et les samedi, un des enseignants donne des cours de rattrapage à un groupe de 32 adultes afin qu'ils passent le
Brevet. Beaucoup d'entres eux ne savent ni lire et ni écrire en arrivant.
Apprendre à lire leur apporte un sentiment de dignité. Mais bien souvent
leur condition de paysan rend difficile leur scolarité : ils n'ont pas le
temps (comme les enfants d'ailleurs qui eux aussi travaillent aux champs)
et l'énergie de concilier travail et études. Mais ils sont là, même s'ils
n'assistent pas toujours à tous les cours. En parallèle aux cours pour
adultes, les enseignants tachent de débattre avec eux de la conjoncture
politique, de leurs peurs ou de thèmes de société afin de modifier la
vision qu'ils ont du monde. Vision qui bien souvent est celle transmise
par les media et la télévision d'Etat aux ordres des possédants.

Au sein de l'école La Dominga, se trouve aussi une huerta gérée par les
professeurs et les enfants. Cette huerta revêt aussi une vertue
pédagogique pour les adultes. Elle leur permet de prendre conscience que l'agriculture organique et la question de la souveraineté alimentaire
peuvent être des alternatives à la culture de la coca ».

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