Secrétariat international de la CNT

Colombie : Un Etat qui tue et appelle au meurtre

Publié le dimanche 1er mars 2009

Nous, organisations signataires, sommes réunies pour exprimer notre
solidarité avec l'appel lancé par le Mouvement national des victimes des
crimes d'Etat en Colombie (MOVICE) à des rassemblements aux côtés des
victimes du conflit politique, social et armé qui endeuille la Colombie
depuis près d'un demi-siècle.

Cette année, le MOVICE a placé, au centre de cette journée internationale d'
action, la dénonciation des exécutions extrajudiciaires perpétrées par les
forces armées colombiennes. Cette pratique consiste à tuer des civils, et
les présenter ensuite comme des combattants morts au combat.. Cela permet
aux militaires d'obtenir des récompenses ou de gonfler les chiffres de la
guerre, encouragés en cela par des directives officielles.

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A Paris, le rassemblement du 6 mars 2009 se tiendra à La Fontaine des
Innocents, Place Joachim du Bellay aux Halles à 18h.

La Colombie vit l'une des crises humanitaires les plus graves de la planète
 : quatre millions de personnes déplacées de force à l'intérieur du pays et
60.000 réfugiés politiques à l'étranger. Depuis août 2002, plus de 14 000
personnes sont mortes ou ont disparu hors combats pour des raisons
sociopolitiques, dans la plupart des cas, la responsabilité de l'Etat est
engagée de manière directe ou par le biais de son soutien aux groupes
paramilitaires. Six millions d'hectares de terres ont été arrachés par la
violence à la petite paysannerie au cours de campagnes de terreur organisées
pour obliger les populations rurales à abandonner leurs terres et laisser
ainsi place nette, principalement pour des projets économiques au profit de
multinationales. L'impunité de leurs crimes a permis aux paramilitaires et à
leurs soutiens politiques de contrôler 35% du Parlement et d'occuper de
nombreuses charges publiques ou diplomatiques.

Depuis son accession au pouvoir en 2002, le président Uribe, tout en niant
l'existence du conflit, l'a exacerbé en polarisant davantage la société
colombienne et en impliquant dangereusement la population civile dans le
conflit. Il a bloqué systématiquement toutes les propositions alternatives
qui appuient la défense des Droits de l'Homme et des issues humanitaires et
de dialogue politique en Colombie. L'initiative de la société civile « Les
Colombiens et Colombiennes pour la paix » qui a obtenu la libération de 6
otages des FARC il y a quelques semaines est l'objet d'une campagne odieuse
de la part du gouvernement colombien et la vie de ses animateurs est en
danger. Il en est de même de journalistes qui ont couvert ces libérations.
Tous ont été fustigés publiquement par le chef de l'Etat. Criminaliser et
stigmatiser les militants des organisations sociales, des syndicats, des
défenseurs des Droits de l'Homme, des journalistes et l'opposition
démocratique, revient à les désigner comme cibles des escadrons de la mort.

La Colombie est aussi le pays le plus dangereux au monde pour les
syndicalistes. Ce pays détient en effet le record mondial de syndicalistes
assassinés, déplacés de force, menacés de mort. 4.000 syndicalistes ont été
assassinés en Colombie ces 20 dernières années, dont 474 en six ans de
Présidence Uribe, 97 % de ces crimes sont impunis. Lorsque les conflits
sociaux s'amplifient dans le pays, le gouvernement colombien répond par des
balles et des arrestations arbitraires à l'exigence de justice sociale et de
démocratie, comme il l'a fait contre la Minga, grande marche indigène et
paysanne qui manifestait pacifiquement, en novembre dernier.

Enfin, tous les acteurs armés (guérilla, armée/paramilitaires) violent le
principe de distinction entre les combattants et les non combattants, au
mépris de la vie et de la dignité de la population civile.

Parce que nous croyons aux côtés de la majorité des colombiens que l'avenir
de ce pays ne peut pas être la guerre,
Parce que des millions de victimes réclament vérité, justice, réparation et
la garantie que les crimes contre l'humanité ne seront pas répétés.


Le 6 mars 2009 nous nous rassemblerons :

Pour la fin de la guerre et de la violence avec une solution politique
négociée du conflit,
Pour un échange humanitaire des prisonniers dans les plus brefs délais,
Pour encourager et accompagner ceux qui œuvrent pour la paix et l'arrêt de
la barbarie,
Pour que les auteurs de crimes contre l' humanité soient traduits en
justice.


Premiers signataires :

FRANCE AMERIQUE LATINE
COOORDINATION POPULAIRE COLOMBIENNE PARIS

POLO DEMOCRATICO ALTERNATIVO - PARIS ET REGION PARISIENNE

ACAT FRANCE, ACTION DES CHRETIENS POUR L'ABOLITION DE LA TORTURE

TRIBUNAL INTERNATIONAL D'OPINION TIO FRANCE

ATTAC FRANCE

COMMISSION INTERECCLESIALE JUSTICIA Y PAZ

COMITE D'INFORMATION SUR L'AMERIQUE LATINE DE NANTERRE

TEJE - TRAVAILLER ENSEMBLE JEUNES ET ENGAGES

ASSOCIATION SIMON BOLIVAR

CERCLE BOLIVARIEN DE PARIS

TERRE ET LIBERTE POUR ARAUCO

COMITE PRO-BOLIVIE FRANCE

ALBAFRANCE

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