Publié le jeudi 9 septembre 2010
Tous vivants, tous libres !
Quelle ironie, le monde se réjouit de ce que les mineurs chiliens
prisonniers des entrailles de la terre sont sains et saufs, alors qu'exactement en même temps, un même nombre de citoyens du même pays risquent de mourir dans un silence assourdissant.
Nous espérons tous que les 33 mineurs sortent sains et saufs de cette
situation très difficile, mais 34 est le nombre de prisonniers politiques mapuches dispersés dans 5 prisons du même pays, tous en grève de la faim, depuis presque deux mois pour certains. Ils se battent avec leurs familles, la rage au ventre s'ils en ont encore la force, pour éviter l'insupportable oubli, l'insoutenable silence des médias.
Nous suivons tous les 33 hommes de la mine au travers d ?un véritable
feuilleton politique-médiatique dans lequel les épisodes sont tous quasiment identiques, tandis que 34 indigènes mapuches, originaires ou résidents du Sud du Chili, injustement victimes de la loi antiterroriste héritée de l'époque Pinochet, ont pris l'ultime des décisions pour se faire entendre.
Pourquoi cette « injustice » ?
La loi 18.314, connue sous le nom de "loi antiterroriste", a été
utilisée exclusivement pour éteindre les mouvements sociaux du peuple Mapuche. Les actuels accusés (96 au total) se trouvent judiciairement dépourvus de tous les moyens de défense du Droit commun, ce qui se traduit par une série d'irrégularités parmi lesquelles nous entionnerons la "présomption de culpabilité", les détentions arbitraires, les tortures et châtiments psychologiques, les détentions provisoires prolongées, la
non-signification des charges retenues contre eux, les accusations basées sur des déclarations de témoins sans visage ? avec lesquels il n'y aura finalement aucune confrontation, les déplacements arbitraires et le harcèlement incessant de la police chilienne dans leurs communautés ?
Que faut-il ajouter pour démontrer l'injustice dont est victime ce peuple
originaire du Sud du monde ?
Le Collectif de soutien au peuple Mapuche en France* se fait l'écho des demandes des prisonniers politiques mapuches et invite tous ceux qui revendiquent la défense des droits humains à manifester devant l'Ambassade du Chili mercredi 8 septembre à partir de 18h30. Cette date correspond à un appel lancé par le collectif des familles des prisonniers politiques Mapuches pour soutenir internationalement les revendications de ces hommes et enfants en grève de la faim et lever le voile du silence qui entoure leur sacrifice.
Nous invitons la presse à suivre cette manifestation et à faire connaître
cette double injustice au même visage : au nord du Chili il y a 33 personnes coincées dans une mine, au sud du Chili, 34 sont ensevelies par l'injustice dans les prisons du Sud.
Quelles sont leurs revendications ?
La fin d'utilisation de la loi 18.134, connue sous le nom de loi antiterroriste, appliquée tout spécialement contre le peuple Mapuche ;
La fin du double jugement civil et militaire imposé aux inculpés mapuche pour des affaires à caractère civil.
La révision de tous les jugements antérieurs concernant les membres de communautés mapuches condamnés au titre de la loi antiterroriste.
La reconnaissance de leurs droits environnementaux, sociaux, culturels et politiques, en accord avec la convention 169 de l'OIT approuvée par le congrès chilien et en vigueur depuis septembre 2009.
(*) Ce Collectif regroupe la Fondation France-Libertés , l'AFAENAC, le
Collectif pour les Droits de l'Homme au Chili, la Commission Amérique
Latine du MRAP, Terre et Liberté pour Arauco, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques - CSIA Nitassinan, Nuevo Concepto Latino, Relmü Paris, Association Ex-Réfugiés Politiques de Fontenay sous Bois.
Rien pour ce mois