Publié le mercredi 14 mai 2008
Les communautés zapatistes face à la répression, à l'occupation militaire et à l'intensification des agressions paramilitaires
Depuis plus d'un an, la situation ne cesse de se dégrader au Chiapas. L'offensive actuelle est, aux dires de nombreux observateurs, « sans précédent depuis 1995 ». Pour la première fois depuis plus de dix ans des cas de torture et de disparitions sont rapportés. La situation, par sa gravité, rappelle celle qui existait dans les derniers mois de 1997 et qui a conduit au massacre d'Acteal où 45 personnes, essentiellement des femmes et des enfants ont été assassinés. Les agressions des groupes paramilitaires comme l'Opddic et Paz y justicia sont quasi quotidiennes.
Le gouvernement tente également d'expulser les communautés zapatistes des terres récupérées en 1994 par des moyens « pseudo-légaux ». Suite à la modification de la Constitution mexicaine en 1992 modifiant le statut de la propriété de la terre, celles-ci peuvent dorénavant être vendues individuellement. Le gouvernement distribue donc des titres de propriété des terres occupées par les zapatistes à des membres des groupes paramilitaires ou des organisations progouvernementales. Les zapatistes deviennent du jour au lendemain des occupants illégaux et les paramilitaires vont réclamer devant les tribunaux leur expulsion. L'autre moyen est de créer des réserves de biosphère et d'expulser ensuite les communautés se trouvant dans celles-ci. Car il est bien connu que ce sont elles qui déforestent et que ces réserves seront bien mieux gérées par des fondations privées !
Ces attaques menées contre les communautés zapatistes et leurs autorités autonomes laisse augurer d'un avenir sombre. Dans une de ses dernières déclarations, le 16 décembre 2007, le sous-commandant Marcos déclarait : « Les signes annonciateurs de la guerre sont clairs. La guerre comme la peur a son odeur. Et aujourd'hui, on commence à respirer son odeur fétide sur nos terres.»
Ainsi face à ces agressions, dès l'année dernière, la commission Sexta de l'EZLN avait lancé une campagne mondiale pour la défense des terres et des territoires indigènes et paysans, autonomes, du Chiapas, du Mexique et du monde
D'autre part, afin d'apporter une information détaillée sur la gravité de la situation vécue par les peuples indigènes au Chiapas et rompre ainsi le silence scandaleux des medias, et surtout dans le but de réveiller une solidarité internationale plus nécessaire que jamais, que le CAPISE, association basée à San Cristobal de Las Casas au Chiapas, adhérente de l'Autre Campagne, a entamé avec le soutien de diverses organisations, collectifs et réseaux une tournée internationale en Europe et aux Etats-Unis
Ces dernières années, le CAPISE a effectué un travail d'information essentiel sur la guerre de basse intensité que le gouvernement mexicain mène depuis plus de dix ans contre le soulèvement paysan indigène zapatiste. Il a étudié la stratégie sous-jacente au déploiement de l'armée fédérale et démontré les liens existants (armement, entraînement, financement, protection) entre celle-ci et les différents groupes paramilitaires opérant contre les communautés
zapatistes.
Depuis un peu plus d'un an, cette association assure également l'envoi de "brigades d'observation", composées de volontaires de la société
civile mexicaine et internationale dans les zones les plus menacées par les agressions et exactions des bandes paramilitaires. La documentation
collectée dans le cadre de ces observations est rassemblée, publiée et
renforcée par une étude juridique des atteintes aux droits
des communautés indigènes. Elle est complétée par des actions en justice, accompagnées de dénonciations publiques.
Ces activités ont valu à Ernesto Ledesma (représentant du CAPISE en tournée en Europe, que nous avons rencontré) d'être la cible de menaces dénoncées à plusieurs reprises par Amnesty International.
Rappelons que le mouvement zapatiste est fondamentalement pacifique et qu'il représente un cas exemplaire de construction de l'autonomie indigène, dans la quasi-totalité des domaines de la vie économique, éducative, sanitaire, judiciaire, et en matière d'autogouvernement. Le type d'organisation sociale horizontale mis en place par les zapatistes, leur capacité à s'organiser d'en bas et à gérer leur propre destin, ainsi qu'à utiliser au mieux, tout en les respectant, les ressources naturelles, devraient nous inciter, en ces temps d'accélération des politiques de destruction de l'environnement et de la mise à mal de l'autonomie alimentaire des populations, à redoubler d'efforts pour nous solidariser avec ce mouvement.
Le Secrétariat international de la CNT rappelle que notre organisation est signataire de la VIème déclaration de la forêt Lacandone et adhérente de la Otra Campana. Nous incitons toutes celles et tous ceux qui le peuvent et le souhaitent à participer à une de ces brigades d'observation - Terre et Territoire.
Les Brigades ont déjà commencé !
Pour y participer, inscrivez-vous auprès du GT – Amériques du SI
gt-ameriques cnt-f.org
Le GT Amériques du SI de la CNT.