Publié le mardi 26 mai 2009
Au Chiapas, il y a une alerte. Depuis le 8 mai, il y a de nouveaux
prisonniers politiques zapatistes : un, base d'appui de l'Armée zapatiste
de libération nationale (EZLN), et sept membres de l'Autre Campagne. Ils
sont tous victimes d'une conspiration politique du plus haut niveau, qui a
comme toile de fond le contrôle officiel et privé des lieux touristiques
de l'État, et plus concrètement des très convoitées cascades d'Agua Azul.
Au Chiapas, il y a un appel urgent non seulement à être vigilant, mais
aussi à, d'ores et déjà, condamner l'emprisonnement de huit tzeltales
soumis à un procès rempli d'irrégularités : tortures, traitements
dégradants, saisies illégales, manque d'interprètes et, finalement,
inculpation d'une série de délits (vol avec violence et délinquance
organisée), qui dans des situations normales (la normalité est-elle
injustice ?) ne pourraient jamais être vérifiés pour la simple et bonne
raison qu'ils sont innocents, alors que deux véritables coupables restent
sous la bonne garde des autorités autonomes zapatistes.
Le 13 avril dernier, la police de l'État du Chiapas et la Police fédérale
préventive ont arrêté, torturé et saisi illégalement six habitants
tzeltales de la communauté de San Sebastián Bachajón. Le Centre des droits
de l'homme Fray Bartolomé de las Casas, qui a suivi le cas depuis le
début, a constaté des traces de torture, employée, selon les prisonniers,
pour les forcer à signer une déclaration d'inculpation. Alfredo Gómez
Moreno et Miguel Vázquez Moreno, ce dernier étant base d'appui de l'EZLN,
ont ensuite été arrêtés et ont subi les mêmes faits arbitraires.
Rien n'est laissé au hasard dans ce procès. Les nouveaux prisonniers
politiques sont des personnes engagées dans la lutte sociale dans la
communauté de Bachajón, porte d'accès aux resplendissantes cascades d'Agua
Azul. Ils défendent leurs droits territoriaux et rejettent tout plan
gouvernemental qui ne les prendraient pas en compte, comme la construction
de l'autoroute reliant San Cristóbal des Casas à Palenque, le projet
touristique le plus ambitieux du gouvernement de Juan Sabines. Les
pressions qui tentent de dépouiller les paysans tzeltales ne sont pas
nouvelles. Le 4 novembre 2008, Jerónimo Moreno Demeza a été criblé de
balles par un membre de l'Organisation pour la défense des droits
indigènes et paysans (OPDDIC), groupe paramilitaire chargé du « sale
travail » lié dépouillement des terres. Ce sont les membres de ce groupe
qui ont accompagné la police lors des dernières détentions.
Dorénavant, les gouvernements fédéral et de l'État du Chiapas auront, dans
la prison d'El Amate, au Chiapas, une patate chaude, parce qu'on attend le
lancement d'une campagne pour la libération des inculpés. Le Conseil de
bon gouvernement zapatiste a lancé un appel à la solidarité. Le dernier
mot n'a pas encore été dit.
Gloria Muñoz Ramírez.
l
(Paru dans "La Jornada", le 9 mai 2009)
Traduit par Chantal.
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