Publié le mercredi 19 mars 2008
Les 21 et 22 février 2008 certaines capitales régionales du Burkina, en l'occurrence Bobo Dioulasso, Ouahigouya et Banfora ont été secouées par de violentes manifestations contre la vie chère que l'on pourrait qualifier de véritables émeutes de la faim, conséquences de la flambée vertigineuse des prix des produits de grande consommation que sont le pain, le riz, le sucre, l'huile, le maïs, le mil, le savon, etc…
Comme l'a si bien dit le journal « Le pays » dans sa rubrique Dialogue intérieur du vendredi 22 février 2008 : « C'était prévisible ». En effet tout comme la plupart des journaux de la place qui ne cessaient de tirer la sonnette d'alarme sur cette flambée des prix, ce journal, dans la même rubrique du 31 janvier 2008 écrivait : « l'augmentation du coût de la vie plombe la consommation, elle piège les efforts de développement. Enfin elle fait le lit des révoltes des populations qui ne veulent pas mourir. Et les autorités seraient bien inspirées d'en avoir conscience.» A ces multiples interpellations de nos médias, il faut ajouter les manifestations et autres interpellations des organisations syndicales individuellement et dans le cadre. « Laisser les s'agiter, quand ils seront fatigués, ils vont arrêter….» entend-on commenter certains dignitaires du régime qui affichent un mépris injurieux vis-à-vis des préoccupations des travailleurs en particulier et de notre peuple en général.
Que dire du dialogue social entre Gouvernement et Syndicats ? En toute honnêteté, beaucoup de nos concitoyens, les travailleurs en particulier n'y croient plus car au finish rien de substantiel n'en sort sinon le disque désormais usagé de « l'Etat n'a pas les moyens… » et pourtant tout le monde voit le train de vie des dignitaires du pouvoir et leurs alliés de tous bords. Peut- on se contenter aujourd'hui de déclarations d'intention et autres promesses ? Le gouvernement à travers un communiqué laconique constate l'augmentation des produits de grande consommation de l'ordre de 10 à 67% en l'espace d'un mois.
Augmentation qui selon lui ne s'explique pas. En rappel, une délégation du gouvernement, sur instruction de Son Excellence M.le Premier Ministre, a rencontré les organisations syndicales depuis le mardi 12 février pour les informer qu'il envisageait des mesures pour « soulager les populations ». Depuis, silence radio.
Gouverner, c'est aussi prévoir a-t- on coutume de dire.
Or, depuis décembre 2007 les consommateurs assistent impuissants à la valse des étiquettes des prix des produits de grande consommation avec des conséquences incalculables sur les conditions de vie des ménages. A titre d'exemples :
le kg de riz importé est passé de 275FCFA à 300FCFA
l'œuf est passé de 75FCFA à 100FCFA
l'huile est passée de 700FCFA à 900FCFA
l'huile Dinor est de passée de 750FCFA à 1250FCFA
la baguette de pain est passée de 120FCFA à 130FCFA
le kg de sucre en morceaux de 550FCFA à 650FCFA
le kg de sucre blond (poudre) de 500FCFA à 55OFCFA
le savon (grosse boule) de 467FCFA à 600FCFA
l'essence super 91 de 655FCFA à 670FCFA
Pendant ce temps, les salaires des travailleurs tant au niveau du public que du privé ne connaissent aucune amélioration depuis des années malgré les annonces à grandes pompes d'un taux de croissance de 5 à 6% par le gouvernement dont la préoccupation essentielle est de satisfaire les institutions de Brettons Woods que sont la Banque mondiale et le FMI, géniteurs des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) qui ont mis à genou toutes nos économies. Avec les PAS, c'est le libéralisme sauvage qui a été institué avec entre autres conséquences la suppression de tous les mécanismes de contrôle des prix et de la qualité des produits de première nécessité. Cela, nos autorités ne l'ignoraient pas en adhérant au PAS. Il importe de rappeler que dès 1990, les organisations syndicales ont dénoncé avec la dernière énergie l'option de libéralisation de notre économie aux déclarations péremptoires du Premier Ministre. En fait ce qui préoccupait nos dirigeants c'était les milliards frais injectés dans le pays par les PAS. Il n'est en effet un secret pour personne aujourd'hui que ces milliards ont fait l'objet de détournements crapuleux de la part des différents clans mafieux du pouvoir de la IVème République leurs alliés et les intellectuels à leur service qui vivent dans un luxe insultant. En effet on se connaît tous dans ce sahel où il est difficile de se camoufler. Fils de paysans pour la plupart, arrivés sans chaussures au lycée nos nouveaux riches se pavanent dans les stations wagons 4X4, les LEXUS et autres Mercedes 500. Leurs rejetons roulent dans des voitures de sport, flambent des millions chaque week-end dans les boîtes de nuit. Pendant ce temps le peuple travailleur croupit sous le poids de la misère et des épidémies à l'exemple de la méningite qui fait des ravages au sein des populations. Quand vous tentez d'en parler on vous traite d'aigri et de jaloux. Totalement coupé des masses nos nouveaux riches n'ont nullement vu venir les événements de Bobo, Banfora et Ouahigouya. Loin d'être de manifestations de simples vandales comme l'a dit le ministre de l'économie et des finances à la Télévision nationale ces événements sont des signes évidents d'un ras le bol généralisé des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer dans ce contexte de paupérisation généralisée.
Aujourd'hui, ce sont mille et un artifices qui sont utilisés pour bloquer ou réduire les salaires du privé et du public avec la mise en ouvre de la Reforme Globale de l'Administration Publique (RGAP), le blocage une fois encore depuis 2006 des avancements, etc. Tous les efforts du gouvernement sont concentrés sur le recouvrement des taxes et impôts pour rembourser le FMI, la Banque Mondiale et les officines impérialistes. C'est dans ce sens que l'on comprend aisément le retour des plaques et des vignettes qui viendront nous faire passer de l'état de pauvreté à une misère sans nom.
Au regard d'une telle situation doublée de la remise en cause des libertés démocratiques et syndicales par le pouvoir de la IVeme République (conf les sanctions prises contre les militants du SAMAE et du SATB) la question de la mobilisation et de la lutte sont d'une actualité brûlante pour des actions de grande envergure contre la vie chère, pour les libertés démocratiques et syndicales acquises de haute lutte dans notre pays. Le dialogue social c'est bien ! Mais encore faut il qu'il se mène sur des bases saines ! De toute façon l'expérience des peuples et principalement notre propre expérience nous enseignent que seule la lutte paie.
En conséquence le Collectif CGT-B met en garde les autorités contre l'usage de la répression comme réponse aux préoccupations qui sont à la base des manifestations qu'organisent les différentes couches populaires. C'est l'occasion pour nous de dénoncer l'arrestation arbitraire dont a été victime un de nos militants à Bobo. En effet, le camarade SANON Seydou, militant du SYNTER, nullement mêlé aux manifestations, a été arrêté à son domicile le 21 février à 2h du matin et libéré à 11H sans aucun motif et sans qu'aucune question ne lui ait été posée.
Notre Collectif lance un appel à toutes les travailleuses et travailleurs de nos villes et campagnes des secteurs public, privé et informel à se mobiliser et à renforcer encore d'avantage l'unité d'action syndicale. Cet appel s'adresse également aux autres organisations de la société civile qui ont à cœur la défense effective des droits économiques et sociaux des populations pour des actions communes contre la cherté de la vie et pour les libertés démocratiques et syndicales.
NON A LA VIE CHERE !
NON A LA REPRESSION COMME REPONSE AUX ANGOISSES DES POPULATIONS !
EN AVANT POUR DES LUTTES MASSIVES ET FRUCTUEUSES CONTRE LA VIE CHERE !
Le Collectif syndical CGT-B
CGT-B- SATB- SYNATEB- SYNATEL-SYNATIC- SYNTAS
Rien pour ce mois